Trois semaines après l'arrivée de 66 migrants mineurs à Saint-Denis-de-Cabanne, le village a retrouvé son calme. On apprend peu à peu à se connaître et tous font des efforts ... Une intégration qui passe notamment par le sport et l'apprentissage du Français.
"Le village a repris sa vie normale." Ces mots sont du maire de Saint-Denis-de-Cabanne (Loire), René Valorge. Une "vie normale", et un calme, aussi. Ce samedi, les habitants que nous avons rencontrés ne disent pas autre chose. Trois semaines après l'arrivée de 66 "mineurs isolés" en provenance de Calais (Pas-de-Calais), le centre et ses pensionnaires semblent s'être réellement fondus dans le décor. Séverine, une habitante, se souvient ne pas avoir eu "de peur, mais une appréhension" avant qu'ils n'arrivent. Aujourd'hui, cette jeune maman est sereine : "Ma fille les croise en rentrant du collège et ne s'est jamais fait interpeller. Elle les a vues et elle n'a pas peur", dit-elle avec en regardant sa fille, qui approuve. "Je pense qu'il faut relativiser."
Un peu plus loin, dans la salle communale, la même salle qui avait accueilli, mercredi 14 septembre, une réunion houleuse d'information sur le sujet, le calme est aussi revenu. Parmi les joueurs d'un concours de belotte organisé toute l'après-midi : Gisèle, voisine du centre d'accueil. Rassurée qu'il s'agisse d'adolescents plutôt que d'hommes adultes, elle affirme : "Personne ne se plaint".
► VIDEO. Reportage de Catherine Dol-Damiron, Loïc Blache et Véronique Paillot.
La force du sport
Au village, ces jeunes s'y rendent parfois en fin de journée ou pour aller faire quelques courses, nous expliquent les habitants. Mais aussi pour aller voir du sport. Quand les footballeurs du village affrontent en derby le club voisin, ils sont dans les gradins. Et quand ils assistent à un entraînement de basket, c'est sur le terrain que cela se termine, par un match entre les locaux et eux.
Le sport, vecteur universel de rapprochement ? En tout cas, il y a une certaine intégration qui s'opère petit-à-petit à Saint-Denis-de-Cabanne. Pour preuve : des jeunes du village envisagent d'organiser au centre une fête pour le Nouvel an avec les migrants.
"Dessine-moi un avenir"
Avec le recul, René Valorge avoue : "Je savais que ça se passerait comme ça. D'autres maires concernés m'avaient dit 'Tu vas vivre des moments difficiles, ça va être extrêmement violent mais, au final, même des gens qui étaient contre viendront aider'. Il y avait une part de peur irrationnelle." Le premier édile de la commune pointe surtout "des tentatives de récupération et de manipulation de gens extérieurs au village qui ont contribué à agiter les peurs" et "une désinformation, parfois véhiculée par certains médias". "Mais le village a su montrer qu'il était responsable et adulte."En amont de leur arrivée, un comité citoyen avait été mis en place par la mairie, rassemblant "plus de 80 personnes", certaines pour, d'autres contre, pour "(se) poser les bonnes questions". Un comité citoyen que le maire espère voir perdurer après le départ de mineurs, pour "qu'il en reste une dynamique pour les gens en difficulté chez nous et que le village soit plus accueillant pour ceux qui viennent s'y installer".
Un avenir qui, pour eux, se trouve en Angleterre. Les autorités anglaises sont d'ailleurs venues, une semaine après leur arrivée, à leur rencontre pour étudier leurs demandes. Dans la foulée, deux Soudanais ont quitté le centre sans donner de nouvelles. Ils sont toujours considérés "en fugue" par la préfecture. Samedi dernier, lors de notre venue, le centre faisait état de l'arrivée d'un nouveau jeune migrant et du départ d'un troisième Soudanais. Ils sont donc désormais 64 au Centre d'accueil et d'orientation pour mineurs isolés (CAOMI) de Saint-Denis-de-Cabanne.