Washington a décidé de taxer à 25% certains produits européens, en réaction aux subventions dont a bénéficié Airbus. Certains vins et fromages français risquent d'être concernés.
L'organisation mondiale du commerce (OMC) autorise les Etats-Unis à taxer 150 catégories de produits. Une conséquence de la guerre commerciale qui oppose Washington à Bruxelles sur Airbus. L'OMC considère en effet, qu'Airbus aurait bénéficié de subventions indues en Europe.
Dès le18 octobre olives, anoraks, biscuits, vins et fromages française pourront être frappés d'un droit de douane supplémentaire de 25%.
Quelles sont les réactions dans les territoires qui produisent vins ou fromages ?
Inquiétude dans le Bordelais
Dans le vignoble bordelais, où les viticulteurs exportent près de 20% de la production vers les Etats-Unis, cette décision est très mal vécue.
C'est un véritable coup de massue !
Nicolas Gonin - Viticulteur bio à Saint-Chef
Avant d'arriver chez le revendeur ou le caviste, une bouteille vendue en France à environ 20€ est déjà revendue plus du double sur les rayons des magasins américains. Après l'instauration de cette nouvelle, il faudra rajouter les 25%.
Et chez certains négociants, cette inquiétude est encore plus vivace. L'entrerpise Twins par exemple, qui exporte plus de 35% par an vers l'Amérique du Nord, exprime son inquiétude face à une conjoncture internationale fragilisée.
"Cette situation vient se rajouter à une situation économique difficile : une récession en Chine, d'énormes problèmes politiques à Hong Kong, le Brexit dont on entend parler tous les jours. Aujourd'hui vous avez tous les grands marchés exports pour les vins de Bordeaux en situation de crise", souligne Anthony Moses, Co-directeur Maison de Négoce Twins.
Un manque à gagner conséquent quand on sait que les USA se placent comme le deuxième marché à l'export de Bordeaux avec 26 millions de bouteilles vendues en 2018 pour un total de 279 millions d'euros.
-> voir les explications sur France 3 Nouvelle Aquitaine de Fabrice Bernard, PDG de Millesima.
Miser sur la qualité et baisser le degré d'alcool !
Chez les vignerons indépendants l'inquiétude est moins palpable. Certains domaines privilégient la qualité et les bonnes relations avec leurs clients américains. A l'image de Nicolas Gonin qui produit la Mondeuse en Isère. Ici, le travail artisanal de la vigne a même reçu les honneurs du New York Times. "Dieu soit loué, ce vin existe ! ", écrit le grand quotidien américain.Seul bémol pour la Mondeuse : son degré d'alcool qui ne dépasse pas 12,5°. En effet, le niveau de taxation dépend également du taux d'alcool, mais aussi de la taille de la bouteille. Selon la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux, sont concernés par ces droits les vins exportés en contenant inférieur ou égal à 2 litres et ayant un degré d’alcool inférieur ou égal à 14%.
En cas de recul des acheteurs américains, ces petits vins atypiques peuvent rebondir sur d'autres marchés. Leur originalité séduit aussi les clients européens et japonais. Celui de Nicolas Gonin a même une appellation Isère Balmes dauphinoises.
En Corse c'est précisément le degré d'alcool qui caractérise les vins de l'île. Soleil et chaleur, le résultat est forcément élevé. A Casalabriva, dans le sud de la Corse, les vins titrent à plus de 14° mais les palettes sont déjà prêtes à partir vers les Etats-Unis. Le viticulteur Jean-Charles Abbatucci préfère prendre les devants avant la date fatidique du 18 octobre.
A Tavel dans le Gard, on prend aussi très au sérieux cette nouvelle taxe.
À Tavel-Lirac, dans le Gard, inquiétudes autour de la taxe à 25% voulue par Donald Trump https://t.co/xjjA9IeEHB pic.twitter.com/Za6sVIKinF
— France 3 Occitanie (Toulouse) (@France3MidiPy) October 4, 2019
Du fromage à plus de 25%
Certains fromages français, à pâte dure surtout, sauf le roquefort, seront aussi taxés à 25 %. En Auvergne où l'on fabrique les Bleus et la fourme d'Ambert, ces trésors fromagers risquent donc d'être concernés par la mesure. Une sanction que les professionnels ont un peu de mal à digérer.Ça veut dire, 100 tonnes de fromage qui ne seront plus vendues
Aurélien Vorger - Syndicat de la fourme d'Ambert et du bleu d'Auvergne
Cette décision de l'Organisation mondiale du commerce d'autoriser les Etats-Unis à imposer des droits de douanes aux produits européens s'élève 7,5 milliards de dollars. Elle concerne surtout la France, l'Allemagne, l'Espagne et le Royaume-Uni.