France 3 Auvergne-Rhône-Alpes a diffusé le lundi 6 novembre "Cuisine et descendances", un documentaire de 52 minutes centré sur le chef triplement étoilé Régis Marcon. Si vous avez manqué ce portrait émouvant du restaurateur de Haute-Loire, vous pouvez le revoir ici.
Pour l'authenticité de Régis Marcon
Sixième enfant d'une famille qui en compte sept, Régis Marcon n'avait pas un goût démesuré pour la cuisine dans les premières années de sa vie. Il avait plutôt une âme d'artiste et c'est la peinture qui le faisait vibrer. Il perd son père alors qu'il est en classe de 6e et voit sa mère prendre seule les commandes de l'hôtel à Saint-Bonnet-le Froid. Le petit Régis accepte mal de la voir parfois pleurer derrière les fourneaux, quand les fins de mois s'annoncent difficiles. Par nécessité, il va se mettre à la cuisine. "C'est un peu une revanche ce restaurant plein même quand il y a de la neige", raconte son épouse. En 1990, il obtient sa première étoile. Le restaurant en compte 3 aujourd'hui. Pourtant, la réussite n'a pas changé l'homme. Exigeant, il reste un amoureux des choses simples. La cueillette des herbes dans les prés aux abords de son établissement, le ramassage des champignons et surtout la transmission de son savoir rythment son quotidien. La voix est douce, posée... L'oeil est toujours un peu rieur... "Cuisine et descendances" nous montre l'homme tel qu'il est et finit par nous donner envie d'aller nous asseoir dans un champ pour croquer à pleines dents, avec notre hôte, un bouton de plantain lancéolé.Parce que ses fils spirituels parlent si bien de leur "papa"
Que ce soit Serge Vieira, Bocuse d'Or en 2005 alors qu'il était le second de cuisine de Régis Marcon à Saint-Bonnet-le-Froid, ou Charles Moncouyoux qui a eu l'audace de créer un restaurant gastronomique ambulant, le Bus 26, ils ont gardé un souvenir ému de leurs années passées au Clos des Cîmes. Auprès de Régis Marcon, ils ont appris l'amour du goût, des produits nobles, du travail précis, du dressage élégant et ils ont hérité de lui cette pensée qui consiste à ne jamais croire qu'on est au bout du chemin. Pour eux, Régis c'est d'abord "papa", cet homme qui les a élevés dans sa tradition culinaire, issue du terroir, fruit de l'histoire d'un homme qui a grandi dans un village d'un peu plus de 200 habitants, perché à près de 800 mètres d'altitude, en Haute-Loire. "J'ai compris pourquoi j'aimais la cuisine grâce à Régis", raconte Charles Moncouyoux. "Il s'intéressait autant à la salle qu'à la cuisine, il était ce chef d'orchestre... C'est à table qu'on passe les meilleurs moments de notre vie, en famille, entre amis, et lui il a compris ça, il faisait en sorte qu'on vive la chose avec lui, pour donner le meilleur de nous-mêmes", se souvient-il.Pour le parti pris de réalisation
"Cuisine et descendances", c'est un voyage à travers les saisons, de la cueillette des premières herbes au printemps jusqu’à la fermeture hivernale du Clos des Cîmes. Un voyage qui emmène le téléspectateur en Haute-Loire, à Saint-Etienne, au Cambodge… Ce documentaire, c’est aussi un parti pris de réalisation. Julien le Coq et Stéphane Serré ont fait le choix (audacieux mais payant) de ne jamais mettre en situation d’interview les personnes qui viennent témoigner de leur attachement, de leur filiation, à Régis Marcon. L’image est en perpétuel mouvement, l’action omniprésente. On est au marché, on est en cuisine, on est en salle… Rien n’a échappé aux auteurs du film, rien ne nous échappe.