Blocs de marbre et mystères de l'ancienne carrière de la Queyrie en Isère

200 ans après Jésus-Christ, les Gallo-romains grimpaient à 1800 mètres d'altitude pour exploiter le marbre de cette faille rocheuse. Des vestiges et bien des questions demeurent ...

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A trois heures de marche de la ville de Die, par le très étroit Pas de Chabrinel, le randonneur courageux découvre soudain la magnifique "plaine" de la Queyrie, au coeur de la Réserve Naturelle des Hauts Plateaux du Vercors. Et son regard curieux croise alors de gros blocs de roche au profil surprenant. Leurs angles sont bien droits... la nature n'agit pas comme ça ! 

Aux alentours de 200 ans après JC, c'est bien la main de l'homme qui a taillé ces blocs. Ce sont des vestiges de colonnes ou de chapiteaux, arrachés à la montagne sur plusieurs fronts de taille, dans ces ruines de carrières gallo-romaines. Elles ont d'ailleurs donné leur nom au site : "Cléry" ou "Queyrie" provient de "carrière". La carrière de la Queyrie s'avère donc un beau pléonasme ! C'est en tout cas l'une des rares carrières situées en altitude, aux environs de 1900 mètres.



Pourquoi grimper jusque là pour chercher de la pierre ?!


"Quand le calcaire est soumis à de hautes pressions et de hautes températures, il se transforme doucement en marbre. C'est ça qu'ils venaient chercher ici" explique Jacques Planchon, conservateur du Musée de Die. Nos ancêtres gallo-romains montaient donc jusque là-haut pour exploiter ce calcaire en cours de cristallisation, un ersatz de marbre, de bel aspect et aussi moins cher. Plus besoin de commercer avec Carare, la Grèce ou l'Egypte. Ce calcaire de la Queyrie, une fois poli convenablement, offrait une surface superbe aux marbrures rouges. Seul inconvénient : il se fissurait facilement, décourageant les sculpteurs. Il a donc surtout été utilisé pour fabriquer des colonnes. Une exception tout de même : la pierre tombale d'une certaine Annia Diophantis...

Reportage de Jean Christophe Pain et Dominique Semet / Montage Sophie Villatte

 


Comment les gallo-romains ont-ils découvert ce site ?


En réalité, en ce second siècle après JC, la "plaine" ou plus justement "faille" de la Queyrie, était très fréquentée. C'était un axe important de circulation économique entre Grenoble et Die, entre Valence et Montgenèvre. Le lien entre Die et l'Empire. Die, "Dea Augusta Vocontiorum", capitale des gallo-romains Voconces, régnait alors jusqu'au Trièves. On peut donc imaginer qu'ils ont découvert ce calcaire "cristallisé" au cours de leurs cheminements. 
 

Mais bien des énigmes subsistent : pourquoi n'a-t-on retrouvé à ce jour aucun monument créé avec de telles colonnes dans la cité même de Die ? Comment nos ancêtres faisaient-ils pour descendre ces blocs de plusieurs tonnes à travers le très accidenté Pas de Chabrinel ? Pourquoi la carrière semble avoir été abandonnée dans l'urgence ?!

Le mystère de la Queyrie reste entier.


Si vous avez la curiosité de vous rendre sur le site, préservez cet endroit magique de toute dégradation. N'oubliez pas d'ailleurs que vous vous déplacez dans une Réserve Naturelle unique en son genre. Le Garde saura vous le rappeler, mais aussi vous expliquer avec passion ce territoire d'exception, son histoire, sa géologie, sa faune et sa flore. Vous devrez complèter cette visite en rencontrant le Conservateur du Musée de Die. Son érudition vous transportera quelques siècles en arrière !

 

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