La maladie de Lyme, transmise par les morsures de tiques, est très mal diagnostiquée et soignée en France, en raison d'une "grande ignorance sur son caractère chronique", a affirmé dimanche, lors d'un colloque à Strasbourg, le Prix Nobel de médecine Luc Montagnier.
"Il est lamentable que les pouvoirs publics et les autorités de santé n'aient pas une politique cohérente sur la maladie de Lyme", a dénoncé le codécouvreur du virus du sida. "Il y a actuellement une ignorance totale sur le sujet, d'une grande partie de la communauté médicale et scientifique", a ajouté le Pr Montagnier, qui intervenait lors d'une journée d'étude consacrée à cette pathologie, organisée par "Lyme sans frontières", une association regroupant des malades en colère contre l'approche officielle de la maladie.
Pour le Pr Montagnier, 83 ans, les tests utilisés aujourd'hui pour détecter la bactérie de Lyme donnent de trop nombreux "faux négatifs", car ils sont basés sur la détection d'anticorps, alors que certains patients infectés n'en développent pas - ou qu'ils ont été infectés il y a trop longtemps pour que cette méthode de test soit efficace. Le scientifique, qui travaille à Paris au sein d'un institut de recherche qui porte son nom, cherche à mettre au point une méthode de diagnostic consistant à détecter dans le plasma sanguin des traces de l'ADN de la bactérie, en captant des ondes électromagnétiques émises par l'échantillon étudié.
"A mon avis, ce test est plus fiable" que ceux actuellement en vigueur, a affirmé le Prix Nobel, tout en convenant que cette approche électromagnétique n'était "pas reconnue par un certain nombre de scientifiques, si bien qu'on a du mal à la faire valider". 27.000 nouveaux cas de maladie de Lyme sont officiellement déclarés chaque année en France, mais selon l'association "Lyme sans frontières", ce chiffre serait en réalité beaucoup plus important, de l'ordre de "dix fois plus".
Détectée trop tardivement, cette affection - pour laquelle il n'existe aucun vaccin - peut avoir des conséquences neurologiques graves et invalidantes pour les malades. Selon les membres de l'association, de nombreux patients, parfois cloués dans un fauteuil roulant, sont "baladés" de médecin en médecin et parfois traités d'hypocondriaques, faute de diagnostic adéquat.
"Pourtant, même 10 ans après l'affection (par une morsure de tique, ndlr), il se peut que la bactérie soit bien là, cachée dans l'organisme", a souligné le Pr Montagnier. Dans de tels cas, il est très important de poser le bon diagnotic afin de proposer un traitement par antibiotiques qui "peut être efficace", selon lui.