En France, chaque année on estime en moyenne que 223 000 femmes âgées de 18 à 75 ans sont victimes de violences conjugales dans ses formes les plus graves et 84 000 femmes âgées de 18 à 75 ans sont victimes de viols ou de tentatives de viols.
Invité plateau : Pr Sophie Gromb, chef du Pôle médico-judiciaire, groupe hospitalier Pellegrin – CHU de BordeauxDate de diffusion : Lundi 21 novembre 2016
Le service de médecine légale du CHU de Bordeaux comprend un « Centre d’Accueil en Urgence de Victimes d’Agression »,le CAUVA ouvert en 1999, à l’initiative du Professeur Sophie Gromb-Monnoyeur, destiné à accueillir en urgence toutes les victimes d’agression et leur entourage.
Ce centre résulte d’une volonté pluri-institutionnelle qui s’est concrétisée par la signature d’une convention liant le ministère de la santé, le ministère de la justice, le ministère de l’intérieur et le ministère de la défense. Ces quatre instances se sont engagées dans des procédures, uniques à ce jour sur le territoire national, afin d’éviter aux victimes un parcours médical et judiciaire fastidieux.
Depuis 2001, les chiffres sont malheureusement en perpétuelle augmentation, avec une hausse d'activité de 56%.
En 2015, plus de 4300 victimes ont été reçues dans cette structure par au moins un des professionnels qui la compose à savoir un médecin légiste, une infirmière, une assistance sociale, un psychologue, un juriste ou une secrétaire.
Parmi les 2550 femmes reçues en 2015, la majorité a bénéficié d'une prise en charge pour des faits de violences physiques voire psychiques. La tranche d'âge prédominante est celle des 30-39 ans suivie des 20-29 ans puis des 40-49 ans.
En octobre 2014, le CAUVA a été mandaté par la MIPROF (Mission interministérielle pour la protection des femmes victimes de violences et la lutte contre la traite des êtres humains) pour effectuer une étude rétrospective sur les violences faites aux femmes réalisée à partir du recueil de données statistiques du CAUVA sur la période 2003-2013.
15580 dossiers ont été étudiés (seules les femmes de plus de 16 ans ont été inclues) et ont permis de mettre en évidence le rôle facilitant dans la judiciarisation des violences faites aux femmes. Cette étude a en outre permis de comprendre la typologie des violences et donc de proposer des mesures pour en améliorer la prévention et ainsi cibler les victimes collatérales à ces violences comme les enfants témoins.
Le CAUVA constitue une véritable plateforme de recherche pour conduire des études sur les violences faites aux femmes, tant sur l’amélioration des pratiques que sur les connaissances des processus. Il apparaît comme le lieu privilégié d’orientation d’éventuelles victimes de violences, identifiées dans d’autres contextes (médico-social en particulier, écoles, etc.). Il est d’ailleurs cité en exemple de réussite par le récent avis « pour une juste condamnation sociétale et judicaire du viol et autres agressions sexuelles » par le Haut Conseil à l’Egalite entre les femmes et les hommes (avis n° 2016-09-30-VIO-022 publié le 5 octobre 2016).
► A l'échelle européenne, le CAUVA est positionné comme centre de référence par la Commission Européenne. Des centres se sont ainsi ouverts sur le modèle du CAUVA en Italie, en Belgique et en Allemagne.
Source : CHU Bordeaux