5 jours après l'éboulement de 1.000m3 de roches du Grand Colombier, les travaux de purge se poursuivent à Culoz. A 3km de là, des habitants d'Anglefort sont, eux, mobilisés contre la réouverture d'une carrière soupçonnée de fragiliser le Géant du Bugey.
Ce lundi 13 mars, en début d'après-midi, les habitants de Culoz ont une nouvelle fois été survolés par un hélicoptère chargé d'apporter les matériaux nécessaires à la purge du Grand Colombier. Le microminage, -prévu dans le courant de la semaine-, devrait permettre de tirer un trait sur la menace qui pèse notamment sur deux maisons évacuées. A côté d'une des bâtisses, un rocher de 25 tonnes témoigne de la violence de l'éboulemenet. A l'arrière, d'autres "gros cailloux" sont aussi tombés dans les vignes. Depuis, la route du Géant du Bugey est barrée.
A 3km de là, toujours au pied du Grand Colombier, les opposants à la réouverture d'une vieille carrière profitent de la médiatisation de l'éboulement pour faire part de leur inquiétude. Et si, à l'avenir, l'extraction du calcaire à coups d'explosifs fragilisait le massif?
Reportage Franck Grassaud et Benjamin Métral
Ces habitants se battaient jusqu'à présent contre la carrière en raison du va-et-vient annoncé de quelque 60 camions et du déboisement de 9 hectares. Mais l'épisode culozien est venu apporter de l'eau au moulin de l'Association pour la défense de la qualité de vie à Anglefort.
Si le maire évoque des balivernes, croyant à la solidité sans faille du Grand Colombier, la Ville de Culoz est, elle, moins formelle. "En fait, on ne sait pas quoi en penser", répond Sébastien Valla, directeur général des services. "On va demander à la sous-préfecture de Belley des études complémentaires sur les conséquences de ces tirs de mines à répétition sur le massif." La concession d'extraction devrait être attribuée pour une période de 30 ans.
Si la réouverture de la carrière a fait l’objet d’une enquête publique, qui s’est terminée par un avis favorable du commissaire enquêteur, après les dernières blessures du Grand Colombier, le dossier devra sûrement être rouvert, pour au moins rassurer les populations voisines du Géant du Bugey.
Un projet de carrière controversé
Cette carrière en projet sur le versant du Grand Colombier, face au village de Serrières-en-Chautagne, va couvrir plus de 18 hectares et "aura une hauteur de 135m, l'équivalent d'un immeuble de 35 étages, ce qui la rendra visible à des kilomètres", fait remarquer l'Association Interdépartementale du Haut Rhône qui s'y oppose."C'est une carrière qui se situera à proximité de zones naturelles protégées, dont certaines, telle la zone humide de Chautagne, sont d'intérêt national", insiste encore l'association, "des douzaines d'espèces également protégées (faune et flore) sont menacées de destruction."
Mais ce que dénonce surtout une partie de la population, c'est que le projet "aura un impact important sur la santé (bruit, poussières, pollution…), la sécurité (trafic de camion en augmentation de 26%…), et la vie économique à dominante touristique de toute la vallée, ses habitants et ses visiteurs".
Les travaux sont prévus pour 30 ans: décapage de la terre végétale et des stériles, abattage des fronts à l'explosif, acheminement des matériaux à l'installation de traitement par concassage et criblage, stockage des matériaux traités, chargement et acheminement de 300.000 tonnes de granulats par an par camion.
Une pétition diffusée dans le secteur a déjà recueilli 1.200 signature, soit autant que la population d'Anglefort!