Jusqu'au 31 mars, Tetsuya Gotani expose à l'Office de Tourisme de Volvic une partie des origamis qui ont fait de cet auvergnat d'adoption un artiste réputé dans le monde entier. Un bestiaire composé d'une trentaine de créations originales à découvrir avec émerveillement.
L'origami, on pensait savoir ce que c'était : ce fameux art du pliage de papier japonais qui nous a permis durant nos années de jeunesse de créer avec nos pages de cahiers d'école quelques cocottes ou avions en papier en toute discrétion. L'origami, c'était un jeu, un divertissement, un passe-temps...
Avec Tetsuya Gotani, l'origami passe au rang d'art. Loin de ces fameux jeux d'enfant, et même si l'artiste "nous remercie d'appeler cela des oeuvres d'art", mais, il nous l'assure, "il ne s'agit que d'amusement, de challenge", la simple vue de ce qui peut être réalisé en pliant un petit carré de papier bicolore laisse pantois.
Un carré de papier et dix doigts
Devant nos yeux, le bestiaire s'étale. Avec des feuilles d'environ 40 cm sur 40 cm, ce ne sont rien de moins que des lions, girafes, ours polaires, écrevisses, dinosaures ou rhinocéros qui prennent volume et vie. Pour les réaliser, Tetsuya Gotani a utilisé 3 sortes de papier différents : du Canson, du papier traditionnel japonais aussi appelé washi et enfin, un papier artisanal réalisé expressément pour lui en Auvergne, à Ambert, au Moulin Richard-de-Bas. Leurs points communs ? Finesse et solidité.
Ces petites feuilles, c'est tout ce dont a besoin Tetsuya Gotani pour travailler. Au niveau matériel en tous cas. Pour le reste, tout est dans sa tête, la dextérité de ses dix doigts, et sa patience infinie... Si son agilité nous impressionne au plus haut point, ainsi que sa rapidité d'exécutions pour des pliages qui peuvent nécessiter jusqu'à 200 étapes, pour l'écrevisse par exemple, le plus complexe n'est en fait pas là. Le challenge, le vrai, est dans la création du modèle, une activité extrêmement peu répandue même au Japon.
Trois mois de création et 1h30 de pliage
Sa dernière réussite : un éléphant qui revient tout juste de New-York où il était jusqu'alors exposé. Pour le créer, il aura fallu 3 mois. Deux mois pour une première version, pas assez efficace selon Tetsuya Gotani (efficace : la taille du pliage terminé doit être la plus grande possible par rapport à la taille du papier de départ), plus un mois pour l'améliorer. Le pliage, quant à lui, n'aura duré qu'une heure et demi.
L'art du pliage, il l'a appris au Japon avec sa grand-mère, alors qu'il était encore enfant. Aujourd'hui, il est passé maître en la matière. Diplômé d’enseignement d'ORIGAMI, membre de la Japan Origami Academic Society (JOAS) de Tokyo, il donne des cours et des ateliers avec l'Association JANA qu'il a créée avec sa femme, Maïko, à Clermont-Ferrand. Les diagrammes (modèles d'origamis) qu'il invente sont publiés dans des revues et des livres au Japon, en France, aux Etats-Unis, en Espagne, au Chili, en République tchèque, aux Pays-Bas ou encore en Colombie.
Pourtant, quelques obstacles restent encore sur sa route quelques animaux qui résistent et ne se laissent pas plier si simplement. Le chat, si souple, lui donne du fil à retordre tout comme le mouton, un peu trop rond ... Des obstacles que Tetsuya refuse de voir comme des échecs, mais juste comme de nouveaux défis à relever. De toutes façons, il nous l'assure : "Rien n'est impossible".