L'Association pour le droit à l'initiative économique aide ceux qui n'ont pas accès au crédit bancaire à créer ou maintenir leur activité. L'ADIE a attribué 264 microcrédits en 2014 en Auvergne, surtout en ville. A présent, elle veut aussi toucher les chômeurs isolés des quartiers et zones rurales.
La boutique de Clarisse Batisse est ouverte depuis six mois. Cette thiernoise d'origine camerounaise exerce déjà un premier métier : conductrice de bus scolaires. Pour compléter son petit salaire, elle s'est lancée dans l'aventure de la création d'entreprise. Elle explique : "Je suis une couturière à la base. Chez moi, au Cameroun, j'ai vécu de la couture et je me suis dit : on va reprendre les ciseaux! L'idée était là, l'enthousiasme aussi, mais les fonds, il fallait les trouver..."
Étant employée à temps partiel, il fallait trouver autre chose pour essayer de vivre décemment. (Clarisse Batisse, micro-entrepreneur)
Face au refus des banques, c'est l'Association pour le droit à l'initiative économique, spécialiste du microcrédit, qui a pris le relais, et lui a prêté 3500 euros. Un mode de financement encore méconnu.
L'ADIE à la conquête des petites villes
L'ADIE, dont le slogan est "Créer votre boîte près de vous? C'est possible" a décidé de multiplier les permanences dans les petites villes de la région. C'est le cas à Thiers (11 000 habitants) dans le Puy-de-Dôme, où 10 projets pourront être financés cette année. Le directeur de l'ADIE en Auvergne, Xavier Fabre remarque : "On sent en dehors des zones urbaines, notamment en milieu rural, une forte envie d'entreprendre. Des locaux sont disponibles, des entreprises sont à reprendre et beaucoup d'élus, de mairies, de communautés de communes, aident au développement économique. Par contre, souvent, les jeunes, les demandeurs d'emploi, ont du mal à accéder au crédit bancaire pour financer leur projet."Les gens sont bloqués pour 3 000, 10 000 euros et ne savent pas que l'Adie et le microcrédit existe et est fait pour eux. (Xavier Fabre, directeur de l'ADIE Auvergne)
Créer son activité et son propre emploi? Pascale Viet a sauté le pas il y a six ans. Elle était sans travail et a quitté l'Eure-et-Loir sur un coup de cœur. Grâce au microcrédit ("un tremplin" assure-t-elle), elle a pu louer un point de vente sur une des plus belles places de Besse, en faire une boutique de charme et payer ses premiers fournisseurs d'objets décoratifs et de jouets en bois. Et l'aventure dure toujours...
Le microcrédit de l'ADIE en chiffres
En 2014, l'ADIE a accordé 264 microcrédits en Auvergne. Ces prêts ne dépassent pas 10 000 euros, et la majorité se situe entre 3 et 4 000 euros. Ainsi 117 entreprises ont été créées, 91 ont pu se développer et 56 personnes ont vu leur emploi maintenu. Selon l'association, 70% des entreprises auvergnates créées grâce au microcrédit sont encore pérennes après 2 ans, 58% après 3 ans. Le taux d'impayés est de 2,5% et le taux de pertes s'élève à 3,2% pour l'ADIE.Les bénéficiaires de notre région sont en majorité des hommes (69%), allocataires de minima sociaux (52%), travailleurs indépendants (43%) ou demandeurs d'emplois (35%). Parmi ces personnes, l'ADIE estime qu'un part importante (39%) sait tout juste lire, écrire et compter.
La plupart des microcrédits de l'ADIE est attribuée à des Puydômois (62%). Un public plutôt urbain, parfois itinérant, issu notamment des quartiers prioritaires de la politique de la ville. L'ADIE conscre 29% de ses aides financières au département de l'Allier, fortement touché par le chômage de longue durée. Les bénéficiaires de microcrédits sont peu nombreux, en revanche, en Haute-Loire (5%) et dans le Cantal (4%).