Après la cuve du réacteur et les soupapes de sûreté, EDF annonce aujourd'hui un nouveau dysfonctionnement sur le chantier de l'EPR : des défauts de soudure du circuit primaire. Un incident comparable, à l'automne dernier, avait retardé le chantier de 4 mois.
De nouveaux défauts de soudure ont été détectés sur le réacteur nucléaire EPR en construction à Flamanville, dans la Manche. Mais le chantier se poursuit "à plein régime", a annoncé vendredi EDF désormais discret sur la date de démarrage du réacteur.
"On a malheureusement détecté des défauts sur trois des vingt-quatre soudures (de 10 cm d'épaisseur chacune) du circuit primaire", a déclaré le directeur du chantier, Antoine Ménager, lors d'une présentation de l'avancée du chantier à des élus à Flamanville.
"Comme d'habitude, on va faire ce qu'il faut pour réparer complètement le défaut", a ajouté l'ingénieur EDF qui, pour la première fois lors de ces présentations, n'a cité aucune date de démarrage.
Le PDG d'EDF Jean-Bernard Lévy avait indiqué le 19 mai sur Europe 1 qu'il "espérait" un lancement en 2017, date à laquelle EDF a officiellement
repoussé le démarrage, en novembre.
L'EPR démarrera -t-il un jour ?
"J'en ai la conviction absolue et totale", a répondu M. Ménager.
Concernant la cuve, sur laquelle l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a annoncé des anomalies "sérieuses" en avril, M. Ménager a juste précisé que les gros composants du type générateurs de vapeurs "ont été soudés autour de la cuve" ces derniers mois.
En avril, Greenpeace avait estimé "irremplaçable " la cuve de l'EPR. Mais l'IRSN (institut de sûreté nucléaire) avait estimé le contraire le lendemain, "hormis les questions économiques".
M. Ménager a aussi refusé d'évoquer les défauts sur les soupapes du réacteur, qui ne sont pas encore sur le chantier, pour lesquelles l'IRSN a pointé début juin des "difficultés" de fonctionnement.
M. Ménager a rappelé que sur ces sujets, le dialogue était en cours entre les industriels et les autorités nucléaires.
Le chantier continue
Les nouveaux problèmes de soudure devraient, quant à eux, être résolus dans un temps comparable à celui qui avait été nécessaire pour un précédent défaut de soudure annoncé l'automne dernier qui avait pris "quatre mois".
Ces défauts de soudure "ne bloquent pas le chantier", selon M. Ménager.
Les élus locaux ont commencé à interroger EDF sur les conséquences pour leurs finances d'un éventuel nouveau report du démarrage de l'EPR.
Le chargé de mission insertion économique EPR ,Jean-Pierre Moncombe, leur a répondu que "à chaque fois qu'EDF décale d'un an (le démarrage),
EDF paye un an de subvention supplémentaire".
A titre d'exemple pour la communauté de communes des Pieux, à laquelle appartient Flamanville, le chantier de l'EPR représente un apport de 40 millions d'euros en tout (contre 30 millions avant les retards).
A comparer aux 60 millions de budget annuel de la communauté.
Plus de salariés
EDF a par ailleurs annoncé avoir revu à la hausse ses effectifs à actuellement 3.430 salariés non EDF sur le chantier, alors qu'en janvier M. Ménager avait indiqué que le chantier "devrait se maintenir" à 3.200 "tout au long de l'année 2015".
EDF compte 850 salariés sur l'EPR.
"Une référence internationale"
L'industriel a annoncé en novembre réévaluer prochainement sa dernière estimation officielle de l'EPR (8,5 milliards d'euros).
Pour M. Ménager, l'EPR de Flamanville, tête de série, "reste une référence internationale" puisque EDF y a reçu successivement
ces dernières semaines le premier ministre égyptien, le vice ministre de l'Energie chinois, le président du gendarme nucléaire américain.
Trois autres EPR sont en construction dans le monde, en Finlande et en Chine.
Y en aura-t-il d'autres en France? "L'avenir le dira. Il y aura peut-être un EPR simplifié" de ce réacteur qui affiche la plus grosse puissance au monde, a répondu M. Ménager aux journalistes.
Le reportage de Stéphanie Potay et Claude Leloche :