La ligne de bus 61 de Twisto, assurant la liaison Caen-Ouistreham est au cœur d'une polémique. Des salariés ont révélé qu'il leur avait été demandé de procéder à des comptages de migrants contrôlés et verbalisés, autrement dit à des contrôles ciblés pour le compte de la Préfecture du Calvados.
Le 20 avril dernier, la Cimade, une association venant en aide aux personnes étrangères, expliquait que depuis le démantèlement de la jungle de Calais, les migrants cherchant à gagner l'Angleterre "se regroupent autour d'autres points de passage", notamment sur les côtes de la Manche: "aux abords des ports de Ouistreham (Caen) et de Cherbourg, en premier lieu".
Des faits confirmés quelques jours plus tard par le chef de l'Office central pour la répression de l'immigration irrégulière et de l'emploi d'étrangers sans titre (Ocriest). "On ne passe plus forcément par Calais mais par d'autres endroits : les migrants sont certes pris en charge dans les camps comme Calais ou Grande-Synthe, mais pour ensuite se rendre à Zeebrugge (Belgique), Ouistreham, Dieppe ou Cherbourg afin de tenter de rejoindre l'Angleterre", déclarait à l'AFP Julien Gentile.
L'un des moyens d'accès à Ouistreham est la ligne 61 du réseau Twisto, un bus assurant la liaison entre la Tour Leroy à Caen et la cité balnéaire, une ligne régulièrement utilisée par les migrants et qui serait dans le collimateur des services de l'Etat et des forces de l'ordre, selon certains retraités de l'entreprise. Il y a deux mois environ, les contrôleurs de Twisto, appelés vérificateurs, ont été missionnés par leur direction pour de drôles de comptages. "Des contrôles bien ciblés sur la ligne 61 en répertoriant les migrants, verbalisés ou avec titre de transport, avec un tableau bien précis du travail des vérificateurs", explique Thierry Poullenec.
Plusieurs élus de l'agglomération de Caen-la-Mer se sont émus dans un courrier de telles pratiques et demandent qu'on mette fin à ces contrôles ciblés. De son côté, la préfecture du Calvados dément avoir demandé le moindre fichage, même si elle reconnaît qu'elle procède couramment à des remontées d'informations de la part des entreprises de transports publics.
Reportage de Catherine Berra et Gildas Marie
Intervenants :
- Thierry Poullenec, retraité