Le port de Ouistreham avec ses trois rotations quotidiennes de ferries vers le Royaume Uni attire un peu plus de migrants ces derniers mois. Voici quelques morceaux de vie de ces hommes qui, à défaut du voyage ultime vers l'Angleterre, font chaque jour à pied le trajet Caen-Ouistreham...et retour...
Très de loin de l'image de Calais, le port de Ouistreham, à une dizaine de kilomètres de Caen (Calvados), voit passer bon nombre de migrants qui tentent de rejoindre le Royaume Uni via le ferry.
L'une de nos équipes est allée à la rencontre de ces hommes, confrontés à cette forteresse qu'est devenue le port...
C'est notre feuilleton de la semaine signé Franck Bodereau, Claude Leloche, Joyce Minfir et François Hauville
L'Angleterre, au bout du quai de Ouistreham
Le port de Ouistreham compte un trafic de onze mille camions par an, presque mille par mois. Autant d'opportunité pour les migrants en quête de passage vers l'Angleterre. Les trois rotations quotidiennes sont sous haute surveillance ; 275 tentatives de traversée illégales ont été déjouées durant les mois de janvier et février 2016 soit autant qu'en une année "normale".
Dans la ville et à proximité du port, les témoins constatent ce nombre croissant de migrants. Les autorités quant à elles, refusent le surnom de "Petit Calais" donné à Ouistreham et conservent la maîtrise de la surveillance du port.
Intervenants :
Antoine de Gouville, directeur des équipements portuaires CCI de Caen
Claude Quennec, chauffeur routier
Nicolas Riou, salarié du magasin "Wine & Beer"
Le centre d'accueil de jour de Caen face à une crise ingérable
Ils sont iraniens, albanais, afghans, congolais, syriens et mongols et trouvent refuge à La Boussole, centre d'accueil de jour à Caen. La vie quotidienne s'en trouve bousculée par ces nouveaux arrivants, dont les besoins quotidiens sont inhabituels. La taille critique d'accueil du centre est aussi largement dépassée puisqu'il faut maintenant prendre en charge cent personnes au lieu des quarante maximum prévues.
La Boussole est en crise et ses responsables en appellent aux autorités locales pour qu'un nouveau lieu d'accueil soit proposé à ces hommes en transit.
Eric Le Gentil, directeur de l'action sociale et de lutte contre l'exclusion - CCAS de Caen
Alex, Iranien, 35 ans
"Pour l'instant, les Droits de l'homme ne sont pas pour nous"
Alex est l'un des cinquante migrants contraints à squatter un bâtiment vide de Caen, espérant pouvoir passer un jour vers l'Angleterre. Ancien militaire des forces spéciales iraniennes, sa vie au pays est condamnée depuis qu'il a choisi le christianisme pour religion. En France depuis cinq mois, il a déjà fait trois tentatives pour rejoindre ses filles au Royaume Uni. Mais pour lui aussi, Ouistreham se révèle comme une petite forteresse.
Une clôture qui se rompt : espoir pour les uns, traque pour les autres
Parfois la clôture du port de Ouistreham cède, laissant passer les migrants. La chasse à l'homme redouble alors d'intensité pour les agents de sécurité et l'inquiétude monte chez les chauffeurs routiers qui risquent une amende si l'on découvre un migrant caché dans leur camion à l'issue du voyage Outre Manche...
Intervenants :
David Degardin, chauffeur routier - Chantilly
Sebastien Roucher, chauffeur routier - Ouistreham
Alfredo Melero, chauffeur routier espagnol