Le sénateur et président de la Manche Philippe Bas a déposé un amendement visant à autoriser la construction dans les "dents creuses". L'association Manche Nature y voit un danger pour la protection du littoral.
Adoptée à l'unanimité le 3 janvier 1986, la loi littoral avait pour but d'empêcher le bétonnage à outrance des côtes. Avec l'érosion du littoral, elle fait actuellement l'objet d'une mise à jour avec une proposition de loi socialiste venant compléter les mesures déjà prises pour faire face aux inondations et submersions marines. elle intègre ainsi le recul deu trait de côte dans les risques devant faire faire l'objet d'un plan de prévention des risques naturels prévisibles et prévoit une meilleure information des populations, notamment dans l'immobilier.
Le sénateur et président de la Manche Philippe Bas a profité de cette "mise à jour" pour déposer un amendement visant à autoriser le comblement des "dents creuses", c'est à dire autoriser la construction sur des parcelles situées entre deux terrains construits dans le même hameau. Cet amendement, adopté par le Sénat la semaine dernière, autorise aussi la construction d'annexes de moins de 20 mètres carrés, aux édifices existants. Pour Philippe Bas, pas question de "remettre en cause de remettre en cause la loi littoral, texte protecteur des paysages, mais de l'adapter aux nouveaux enjeux des espaces littoraux et de répondre aux difficultés rencontrées par les élus locaux pour aménager leur territoire."
"Il repose sur l'argent, la spéculation immobilière et le pouvoir.
Les écologistes ont eux une toute autre lecture de cet amendement. "Il repose sur l'argent, la spéculation immobilière et le pouvoir. Les élus veulent la mainmise sur le littoral pour pouvoir l'urbaniser, le densifier, réaliser leurs projets d'urbanisme", dénonce Gérard Prodhomme, référent mer et littoral pour Bretagne Vivante chez nos collègues de France 3 Bretagne.
En Normandie, l'association Manche Nature estime qu'il existe d'autres solutions d'aménagement pour les élus. "Ce projet de loi ouvre d'avantage la voie à tout un tas d'excès possible. On est toujours dans l'optique du toujours plus de constructions possibles alors qu'on peut densifier les bourgs existants sans souci", explique Philippe Scolan. L'association espère à présent que cet amendement sera rejeté par les députés lors de son examen dans les prochaines semaines à l'Assemblée nationale.
Reportage d'Anaïs Furtade et Claude Leloche
Intervenants:
- Erick Beaufils, maire (LR) de Gouville-sur-mer
- Noëlle Leforestier, maire (SE) de Pirou
- Philippe Scolan, association "Manche nature"