On est toujours sans nouvelle de la fillette du Jura disparue à Pont-de-Beauvoisin en Isère."Plus la victime est jeune, plus c'est inquiétant", estime le patron de l'Office central pour la répression des violences aux personnes.
Les recherches pour retrouver Maëlys vont continuer ce mercredi 30 août 2017. Les plongeurs vont à nouveau sonder la rivière Guiers. Une disparition d'enfant reste toujours difficile à traiter comme l'explique le patron de l'Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP) Philippe Guichard.
Quelle est la difficulté posée par une disparition comme celle de la fillette de neuf ans ?
Les dossiers de disparition sont les plus complexes à traiter parce qu'il n'y a pas de corps, pas de scène de crime et pas d'éléments matériels pouvant être exploités par la police technique et scientifique. Les enquêteurs sont souvent dans le brouillard.
On ne sait pas ce qui s'est passé, ni où et quand. On est dans le flou. On essaye d'imaginer toutes les hypothèses: un accident, une mauvaise rencontre, une fugue, un rapt par un prédateur sexuel. Il faut donc élargir le champ des investigations car la vie des jeunes victimes ne nous oriente souvent pas. Et plus la victime est jeune, plus c'est inquiétant.
Ces dossiers, bien que rares (2 à 4 chaque année) durent souvent dans le temps s'ils ne sont pas solutionnés dans le temps de l'enquête de flagrance, c'est-à-dire dans les 15 jours. A l'OCRVP, on est là pour que les dossiers vivent jusqu'à ce que la justice nous dise d'arrêter. Un groupe de six policiers travaille à temps plein actuellement en permanence sur une douzaine de disparitions dites criminelles, dont celle d'Estelle Mouzin, disparue à 9 ans en 2003 en Seine-et-Marne.
Quelles investigations sont menées dans ce type d'enquête ?
Les enquêteurs débutent par les auditions de toutes les personnes présentes au moment des faits et vont partir à la recherche des personnes qui se trouvaient à proximité du lieu de la disparition, en étudiant notamment la téléphonie. Des recherches et des fouilles sont également menées pour voir s'il ne s'agit pas d'un accident.
Les enquêteurs ont également recours aux chiens pour retrouver la trace de la victime. Si la trace est perdue sur un parking par exemple, on va essayer d'identifier un véhicule. Les enquêteurs vérifient si des faits similaires ont eu lieu dans le secteur. A chaque disparition, la victime est inscrite au Fichier des personnes recherchées et son ADN recueilli, pour l'utiliser notamment en cas de découverte d'un corps. Mais au bout d'un moment, les investigations sont limitées et butent.
Pourquoi l'alerte-enlèvement n'a-t-elle pas été déclenchée dans le cadre de la disparition de Maëlys ?
Dans cette affaire, toutes les hypothèses sont à l'étude et l'enlèvement n'est que l'une d'entre elles. L'alerte-enlèvement n'est déclenchée que si elle remplit quatre conditions: l'enlèvement doit être avéré, la victime doit être mineure, il doit y avoir une dangerosité immédiate pour la vie du mineur et des éléments de signalement à confier aux médias pour susciter des témoignages du public.
En revanche, dans toutes les affaires de disparition, il est très important de lancer un appel à témoin et de médiatiser ces affaires. Les témoins n'ont pas toujours conscience de détenir l'élément qui va faire basculer l'enquête, or ils peuvent apporter un élément décisif voire la clé de l'énigme, parfois des années après.