Les Ajacciens retournent aux urnes dimanche pour élire leur maire, après l'annulation du scrutin de 2014, gagné par le député UMP Laurent Marcangeli face au sortant DVG Simon Renucci qui avait dénoncé des centaines de procurations litigieuses.
Sept listes sont en lice pour ce premier tour qui apparaît très ouvert, au terme d'une campagne dominée par les questions du chômage et de la crise du logement provoquée par la spéculation foncière et immobilière.
En dépit du traditionnel intérêt en Corse pour les élections locales, notamment municipales, l'abstention pourrait être plus élevée qu'en mars 2014 (21,18% au premier tour).
Avocat de formation et député de Corse-du-Sud, Laurent Marcangeli, 34 ans, l'avait emporté le 30 mars avec 281 voix d'avance, soit un écart de 1,18%, sur la liste de Simon Renucci, médecin pédiatre de 69 ans.
Mais l'équipe Renucci avait jugé litigieuses quelque 300 procurations, sur 33.929 électeurs inscrits, et avait présenté un recours devant la justice administrative.
Une seconde procédure, au pénal, toujours en cours, concerne notamment des accusations d'achat de voix au moyen de bons d'aide sociale.
Plutôt que de faire appel de l'annulation administrative de l'élection, Laurent Marcangeli a décidé de remettre son mandat en jeu, avec une liste de droite et du centre quasiment identique à celle de mars.
Simon Renucci, déjà battu aux législatives par Laurent Marcangeli, avait annoncé son retrait de la vie politique le soir de sa défaite municipale, après deux mandats à l'hôtel de ville, avant de se raviser.
Dans ce nouveau scrutin, sa liste de rassemblement à gauche, soutenue par le Parti communiste, est concurrencée par celle de l'un de ses anciens adjoints, le conseiller général quadragénaire François Casasoprana.
Eparpillement des voix
Les nationalistes, troisièmes en mars avec une liste unique (6,86% au second tour), arrivent cette fois-ci divisés en deux listes, ce qui pourrait favoriser l'éparpillement des voix.Ces listes représentent les deux tendances - autonomiste (Femu Aiacciu - Femu a Corsica) et indépendantiste (Aiacciu Cita Corsa - Corsica Libera) - du mouvement qui obtient désormais un tiers des suffrages aux élections territoriales. Elles ont stigmatisé durant la brève campagne les "manoeuvres frauduleuses et les pratiques archaïques et claniques" qui ont caractérisé, selon elles, l'élection annulée par la justice.
Si l'une de ces listes obtient plus de 5% des voix au premier tour, elle pourrait négocier une fusion avec la liste de Simon Renucci, comme l'ont laissé entendre certains membres de la liste indépendantiste.
Laurent Marcangeli, vainqueur avec 47,1% des voix au second tour l'an dernier, pourrait aussi pâtir de la présence d'une liste Rassemblement bleu marine, soutenue par le Front national.
Avec une dégradation de la situation économique et sociale et une forte population d'origine maghrébine parmi les quelque 70.000 habitants, cette liste, 4e au premier tour de 2014, pourrait bénéficier du climat tendu, provoqué par les attentats à Paris.
Une septième liste, baptisée "Basta cusi! (Cela suffit!) et conduite par le fantaisiste ajaccien "Tata Angèle", "veut signifier à la classe politique traditionnelle le ras-le-bol" de la population face à la perte d'identité de la ville.