Le tribunal de commerce de Marseille a prolongé la période d'observation de la SNCM, dans le cadre de son redressement judiciaire, et a fixé au 18 mars un nouveau rendez-vous judiciaire pour examiner la situation financière de la société.
Dans un jugement, le tribunal rappelle que la trésorerie disponible de la société était de 41 millions d'euros au 26 janvier, selon la direction, qui estime que "l'impasse de trésorerie se situera probablement entre le 15 et le 30 avril 2015".
Dans ce cadre, un nouveau rendez-vous judiciaire est fixé au 18 mars, au cours duquel la direction de la SNCM devra notamment produire des éléments sur son activité et son exploitation d'ici à la fin du mois de février, et un point sur sa trésorerie à la même date, ainsi que des prévisions pour les mois de mars, avril et mai.
Devant le tribunal, les administrateurs judiciaires ont rappelé que la SNCM faisait "face à des difficultés immenses à la fois d'exploitation (...), de gouvernance (...) et d'endettement", évoquant la nécessité de commencer des "négociations intenses (...) sur les termes d'un plan de sauvegarde de l'emploi malheureusement inéluctable". Une liquidation "serait une catastrophe sociale et économique", ont-ils jugé.
Mercredi, la direction de la société a présenté aux salariés les cinq offres fermes et deux lettres d'intention déposées pour la reprise la compagnie, qui emploie 1.500 personnes en CDI. Elles émanent notamment du groupe Baja Ferries de Daniel Berrebi, de l'ex-directeur du port de Marseille Christian Garin, du patron corse Patrick Rocca et de l'armateur grec Attica.
Toutes prévoient d'importantes suppressions d'emplois et sont soumises à des conditions suspensives, selon la CFE-CGC: transmission de la délégation du service public (DSP) Corse/continent, renégociation des accords sociaux et effacement ou non des condamnations de Bruxelles à rembourser 400 millions d'euros d'aides publiques.
Les actionnaires actuels, au premier rang desquels le tandem Transdev/Veolia (66%) et l'État (25%), ont justement précipité la SNCM en redressement judiciaire pour effacer cette ardoise, avec l'espoir que la création d'une "discontinuité" économique suffisante permette l'effacement du passif.
Dénonçant le "jeu trouble de l'Etat actionnaire, voire de l'Etat tout court", la CFE-CGC a annoncé dans un communiqué que le Premier ministre Manuel Valls serait "sollicité pour une rencontre avec les élus SNCM" lors de sa visite prévue à Marseille en début de semaine.