Catalogne un pas vers l'indépendance

Les partis indépendantistes ont remporté dimanche la majorité absolue des sièges aux élections régionales en Catalogne. Un succès qu'ils présentent comme un mandat pour mener cette riche région d'Espagne vers la sécession. Une évolution qui intéresse la Corse... 

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Un succès pour les indépendantistes même si leurs adversaires ont refusé de reconnaître leur victoire, soulignant qu'ils n'avaient pas recueilli la majorité des voix.

Après le dépouillement de 97% des bulletins, la liste "Ensemble pour le oui", principale coalition indépendantiste, obtient 62 voire 63 sièges. L'autre liste indépendantiste, d'extrême gauche, Candidature d'unité populaire (CUP), en obtient 10.

Ensemble, leurs 72 sièges dépassent la majorité absolue à 68 sièges sur 135. En pourcentage, elles ont recueilli 47,8% des suffrages, selon ces résultats.

Le président indépendantiste sortant Artur Mas a revendiqué la victoire. "Le oui a gagné, la démocratie a gagné", a-t-il lancé devant un écran géant installé sur une place face au siège de la coalition. "Nous avons un mandat démocratique (...) nous avons une énorme légitimité pour aller de l'avant avec notre projet".

M. Mas a promis qu'en cas de victoire, lui et ses alliés mèneraient la Catalogne vers l'indépendance, en 2017 au plus tard.

Ses partisans, portant les couleurs rouge, or et bleu du drapeau indépendantiste, criaient leur joie.

"C'est génial, indescriptible, sublime, c'est très motivant, cela donne plein d'espoir car cela démontre que le peuple de Catalogne veut l'indépendance", s'est extasié Arnau Font, un étudiant en publicité de 18 ans.

"A l'Etat espagnol, sans rancoeur, adieu", a lancé sur son compte twitter Antonio Baños, chef de la CUP.

Les partis coalisés avec M. Mas au sein d'"Ensemble pour le oui" devront toutefois encore s'entendre avec la CUP pour gouverner. Or celle-ci ne veut pas non plus reconduire au pouvoir le conservateur Artur Mas, auquel elle reproche sa politique d'austérité.

Participation exceptionnelle


La participation exceptionnelle a atteint 77 %, dépassant de 10 points celle du dernier scrutin régional en 2012, un record pour ce genre de scrutin dans la région.

Artur Mas s'est donc targué d'être parvenu à transformer ce vote en plébiscite. Mais ses adversaires répliquent qu'il avait perdu le plébiscite, faute de la majorité des voix.

Le Parti populaire (PP, droite), au pouvoir en Espagne, a affirmé à Madrid que "la majorité des Catalans a rejeté l'indépendance".
"Nous allons continuer à défendre l'unité de l'Espagne", a déclaré le porte-parole du PP, Pablo Casado.

"Les Catalans leur ont tourné le dos", a lancé Ines Arrimada, tête de liste de Ciudadanos, parti libéral anti-indépendantiste. En passant de neuf à 25 sièges, Ciudadanos est devenu le second parti de Catalogne.

"Ceux qui ont gagné en sièges n'ont pas gagné en voix, en conséquence, ils ont perdu le plébiscite" qu'ils se proposaient d'organiser, a dit Pedro Sanchez, le chef du Parti socialiste (opposition) qui a recueilli 16 sièges.

"Il y a une majorité de Catalans qui ne veulent pas l'indépendance mais qui veulent ouvrir une époque de coexistence et de dialogue", a estimé M. Sanchez, qui propose une réforme de la Constitution accordant plus d'autonomie à la Catalogne.

Depuis trois ans, M. Mas n'avait cessé d'exiger un référendum d'autodétermination semblable à celui organisé en Ecosse il y a un an, où le non l'avait emporté. Mais Madrid a toujours refusé, arguant de son inconstitutionnalité.

A la faveur de la crise et de médiocres relations avec le pouvoir central, le nationalisme de nombreux Catalans fiers de leur culture a viré à l'indépendantisme.

Le chef du gouvernement conservateur, Mariano Rajoy, s'était impliqué personnellement dans la campagne, plaidant pour une "Espagne unie", et avertissant les Catalans qu'en cas d'indépendance unilatérale ils risquaient l'exclusion de l'Union européenne, une explosion du chômage, et l'effondrement des retraites.

Malgré ses efforts, son Parti Populaire a perdu huit sièges, tombant de 19 à 11.

Les autres votes se sont portés sur une coalition de gauche radicale rassemblée autour de Podemos, nouveau parti anticapitaliste allié du grec Syriza, qui a emporté 11 sièges. Son chef Pablo Iglesias a reconnu que ce résultat était "décevant".

Si la Catalogne s'en allait, elle emporterait avec elle un cinquième du PIB de l'Espagne, quatrième économie de la zone euro, et un quart de ses exportations. L'éventualité a inquiété banquiers et entrepreneurs, qui ont invité Madrid et Barcelone a reprendre le dialogue.

Barack Obama, David Cameron et Angela Merkel ont également souhaité le maintien de l'unité.

Quel que soit l'interprétation du résultat, ce scrutin fait entrer l'Espagne dans une zone de fortes turbulences, à trois mois des élections législatives.

D'autant que le gouvernement a prévenu qu'il agirait contre tout acte "illégal" du gouvernement régional.

Les indépendantistes corses et les nationalistes dans leur ensemble ont suivi attentivement ce scrutin. Ils y perçoivent un espoir de voir une nouvelle donne s'imposer en Europe. 
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