L'un des comités d'hygiène et de sécurité (CHSCT) de la SNCM a porté plainte mardi contre la compagnie maritime, l'accusant, rapport de l'inspection du travail à l'appui, de ne pas protéger les salariés contre une exposition à l'amiante qui se poursuivrait encore aujourd'hui.
"Nous venons de porter plainte avec constitution de partie civile" pour mise en danger de la vie d'autrui et manquement aux obligations de sécurité, a déclaré Julie Andreu, l'avocate du CHSCT des ateliers de la SNCM, entourée d'une vingtaine de salariés, devant le TGI de Marseille.
Selon cette plainte, "le risque d'exposition des salariés à l'amiante perdure à ce jour, tant à bord des navires qu'aux ateliers, sans que l'employeur" n'ait pris de mesures "réellement efficaces afin de prémunir les salariés d'un risque de contamination".
La plainte vise la compagnie maritime (actuellement en redressement judiciaire) et plusieurs de ses dirigeants actuels et passés, dont les trois PDG qui se sont succédés depuis 2006.
"On porte plainte pour mettre la pression, et que les choses s'améliorent", alors que plusieurs salariés de la SNCM ont déjà contracté des cancers liés à l'amiante et en sont parfois décédés, a déclaré le secrétaire du CHSCT, Marc Kinzel.
Amiante toujours présente ?
Interrogée, la direction de la SNCM a rétorqué qu'elle "prenait absolument toutes les précautions" par rapport à l'amiante. "La compagnie est parfaitement au fait des enjeux et des contraintes légales liées à l'amiante. Chaque intervention est traitée selon les procédures" prévues par la loi, a assuré un porte-parole.
Selon les plaignants, l'amiante, matériau hautement cancérogène et très utilisé au XXe siècle contre les risques d'incendie, est toujours présente dans certaines pièces mécaniques des navires de la SNCM, même ceux construits après l'interdiction d'emploi de cette fibre en 1996.
L'exposition à l'amiante a été confirmée par plusieurs prélèvements réalisés depuis 1999, relève la plainte.
Les plaignants se fondent surtout sur un rapport de l'inspecteur du travail, rendu en mars 2014.
"L'ensemble des huit navires de la SNCM contient des matériaux ou des équipements contenant de l'amiante, même ceux disposant d'un document certifiant l'absence d'amiante à la conception", selon un extrait du rapport cité dans la plainte, qui relève notamment des problèmes de "signalétique" lors des interventions des salariés.
Selon les plaignants, le parquet a été saisi en 2012, après le rapport de l'inspection du travail, et une première plainte simple a été déposée en juin dernier. Parallèlement à cette procédure pénale, 25 salariés des ateliers ont saisi les prud'hommes pour voir reconnu leur "préjudice d'anxiété", la voie habituellement suivie par les personnes exposées à l'amiante.