"L'information disponible, tant pour les femmes que pour les professionnels de santé doit être rendue plus objective, en présentant aussi bien les avantages que les inconvénients du dépistage, à partir des données de la science" écrivent les signataires de cette lettre rendue publique vendredi.
L'association de défense des consommateurs "Que Choisir" et des médecins réclament une information "plus objective" sur le dépistage du cancer du sein dans une lettre ouverte adressée à la ministre de la santé Marisol Touraine.
Parmi les signataires de cette lettre figurent, outre Alain Bazot, Président de l'UFC Que Choisir, le Dr Bruno Toussaint, directeur de la revue médicale indépendante "Prescrire" et le Dr Cécile Bour, du Collectif Cancer Rose, un site d'information sur le dépistage du cancer du sein mis en place par des médecins.
Le dernier signataire est le porte-parole du groupe Princeps, qui réunit des médecins travaillant notamment sur la surmédicalisation et le surdiagnostic.
La lettre intervient alors que le ministère de la Santé vient d'annoncer une "rénovation profonde" du programme de dépistage organisé du cancer du sein à la suite de la publication d'un rapport mettant en doute les bénéfices de ce dépistage tel qu'il est pratiqué aujourd'hui.
Actuellement, toutes les femmes de 50 à 74 ans sont invitées à faire une mammographie tous les deux ans pour détecter une éventuelle tumeur - et tous les ans pour celles qui présentent des risques accrus de développer un cancer du sein.
Mais des critiques sont apparues ces dernières années, mettant en avant un risque accru de surdiagnostic (détection d'une prolifération cellulaire pathologique sans conséquence pour la santé du patient) et de surtraitements.
Selon le rapport de la Concertation citoyenne et scientifique paru la semaine dernière, le dépistage du cancer du sein "fait l'objet d'une controverse scientifique et non d'un consensus, que ce soit sur la réalité ou l'importance des bénéfices attendus ou sur l'importance de ses effets indésirables, liés aux surdiagnostics et surtraitements, largement sous-estimés" relèvent les signataires de la lettre ouverte qui réclament des "actions fortes" de la part du ministère.
Parmi celles-ci, ils citent une "formation adéquate" des professionnels de santé concernés "afin qu'ils soient en mesure d'expliquer la controverse, les effets indésirables et les inconnues du dépistage".
Ils réclament également que le dépistage du cancer du sein ne soit plus inclus dans les critères de la "rémunération sur objectif de santé publique", une prime versée aux médecins généralistes atteignant certains objectifs, notamment en ce qui concerne la prévention et le dépistage.
"C'est seulement ainsi que les femmes pourront en toute confiance se tourner vers leur médecin pour discuter de leur choix", ajoutent-ils.