Distribution de repas aux migrants: au tribunal, les associations défendent la "dignité humaine"

Le tribunal administratif de Lille examinait ce jeudi le recours des associations face à l'arrêté de la mairie de Calais, visant à interdire la distribution de repas aux migrants.

Des associations ont plaidé la "dignité humaine" jeudi devant le tribunal administratif de Lille pour tenter d'obtenir l'annulation d'un arrêté de la mairie de Calais entravant la distribution de repas aux migrants au nom des "menaces à l'ordre public". 

"Face à cette situation de crise qui persiste dans le Calaisis et les pouvoirs publics qui pratiquent la politique de l'autruche en espérant que ces personnes disparaissent, cette intervention des associations est importante pour la dignité humaine", a expliqué Me Lionel Crusoé, défenseur de dix associations. Parmi celles-ci, Utopia56, l'Auberge des migrants ou encore le Secours catholique, avaient déposé lundi soir un "référé liberté" au nom de la "liberté d'aller et venir et de manifester" contre un second arrêté pris le 6 mars par la mairie de Calais. Celui-ci agrandissait le périmètre d'un précédent arrêté pris quelques jours plus tôt destiné à prohiber les rassemblements dans la "zone des Dunes", lieu de distribution de repas à des migrants.

"Ces temps de distribution sont également un moyen de donner aux migrants des informations sur leurs droits et notamment leur dire dans quelle structure de droit commun se rendre", a ajouté Me Julie Bonnier, autre avocate des associations. "On partage vraiment ce souci de les réorienter vers les structures existantes tout en leur expliquant aussi que la Grande-Bretagne n'est pas un projet d'avenir.
Mais cela passe par des +lieux d'apprivoisement+ permettant de gagner leur confiance. On a déjà orienté plus d'une dizaine de personnes vers des centres d'accueil", 
a abondé Vincent De Coninck du Secours catholique du Pas-de-Calais.

Des arguments que la partie adverse a cependant contestés, estimant que "l'offre répond aujourd'hui aux besoins: les centres ne sont pas saturés. La problématique, c'est que ces personnes ne veulent pas y aller et le but de la commune est de leur faire comprendre qu'il n'y a pas de choix en dehors de cette mise à l'abri", a déclaré Me Paul-Guillaume Balaÿ. Celui-ci a regretté que l'Etat n'était pas présent à l'audience pour porter la voix des pouvoirs publics. "Depuis que la crise dans le Calaisis existe, on a des risques de rixes et de bagarres. La commune ne cherche pas à empêcher la distribution des repas mais à éviter tout rassemblement sur la voie publique pour empêcher toute violence éventuelle", a-t-il poursuivi.

Selon les associations, ainsi que le Défenseur des droits cité dans un rapport, entre 250 à 400 migrants seraient de retour dans le Calaisis. Elles leur distribuent quotidiennement environ 400 repas chauds. Le juge administratif rendra son ordonnance en début de semaine prochaine.

L'actualité "Société" vous intéresse ? Continuez votre exploration et découvrez d'autres thématiques dans notre newsletter quotidienne.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
Hauts-de-France
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité