« Offensive ratée. Le chemin des Dames devant nous tient toujours. » L’homme qui écrit ces lignes, en mai 1917, n’est pas un soldat ordinaire. Cet artilleur aurait eu mille raisons de ne pas participer à la guerre, et pourtant, cet Alsacien fait face à l’ennemi. Il s’appelle Alfred Dreyfus.
Alfred Dreyfus, c’est l’homme de "l’affaire". En 1894, cet officier a été accusé d’espionnage au profit de l’Allemagne, condamné au bagne à perpétuité et dégradé. Dreyfus est innocent et sa famille se bat pour le prouver. Son tort ? Etre juif dans une France antisémite. Le proscrit de l’île du Diable est réhabilité en 1906 mais sa carrière brisée. Il prend une retraite anticipée et devient réserviste.
Source archives :
- "Alfred Dreyfus, officier en 14-18 : souvenirs, lettres et carnet de guerre" - Editions Regain de lecture et auteur : Georges Joumas
- Collection privée Famille Dreyfus
- Gallica BNF
- Pathé Gaumont
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©France 3
En 1914, Dreyfus a donc 55 ans et il brûle d’en découdre avec les Allemands, ces « hordes de barbares », comme il les dépeints. Commandant, il est affecté à la défense de Paris. Son fils, Pierre est sur le front. Les officiers tombent en nombre.
Fin 1916, Alfred Dreyfus rejoint le champ de bataille, à sa demande mais l’armée est cruelle et le place sous les ordres d’un anti-dreyfusard, le colonel Larpent. Des rapports entre les deux hommes, on ne sait rien : Dreyfus s’est fait un devoir de ne pas montrer sa souffrance. Dans ses lettres, il ne s’émeut guère des obus tombés à quelques mètres, félicite son fils qui se bat non loin de là. « C’est comme si nous étions aux antipodes, chacun ne voit que ce qui se passe devant lui ».
Nommé lieutenant-colonel, il est décoré de la légion d’honneur après la guerre. En 1930, le ministère lui refusera la carte du combattant Dreyfus est coupable d’être innocent.
- Informations puisées dans le livre de Georges Joumas « Alfred Dreyfus, officier en 14-18 » aux éditions Regains de lecture
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