Le gérant d'un laboratoire de recherche médicale a été condamné mardi à Montpellier à 10 mois de prison avec sursis et 19.000 euros de dommages-intérêts pour harcèlement moral et agressions sexuelles sur huit de ses salariées.
Le tribunal a suivi les réquisitions du procureur de la République, Sarah Rouy, qui a mis en exergue des "liens de subordination" qui "se dévoient pour devenir du harcèlement", des "humiliations" et des "attouchements" sur plusieurs des salariés.
"Le harcèlement c'est un climat", a fait valoir la magistrate, soulignant que les hommes de l'entreprise avaient également dénoncé des problèmes, même s'ils n'étaient pas parties-civiles.
Devant la présidente du tribunal, Jean-François Floch, 55 ans, marié et père de
trois enfants, a reconnu "la matérialité de certains faits" mais nié à la fois le harcèlement moral et les attouchements sexuels.
Ce patron, né à Dakar et qui a fait mille métiers avant de créer ce laboratoire de recherches travaillant sur un vaccin contre le cancer colorectal parce que "(s)a femme avait fait une découverte majeure" dans ce domaine a plaidé des actes ayant comme objectif "de tester la résistance des salariées" face à la pression de la concurrence.
8 plaignantes
Géraldine, Françoise, Adeline, Karine, Najla ou encore Bérénice ont cependant raconté des humiliations, l'agressivité de leur patron, des enfermements dans une voiture, des questions insidieuses sur la virginité lors d'entretien individuel, voire pour l'une d'elle une demande de présenter un projet avec Powerpoint nue.
Mais il y a eu aussi pour certaines des mains sur les seins, sur les fesses, sur les cuisses...
"On a la démonstration que l'ensemble des filles se racontent des choses pour que chacune ait sa part à raconter", a lancé M. Floch, affirmant que les salariés avaient accepté "les règles du jeu", qu'ils avaient fixé ensemble des limites, avant de qualifier certaines filles d'"aguicheuses" ou d'"exhibitionnistes"
Son avocat, Me Luc Abratkiewicz, a dénoncé "une vision caricaturale" d'un dossier à propos d'un homme surnommé "le sorcier blanc". "Il y avait peut-être une ambiance trop potache, il faisait peut-être trop de familiarités, il aurait peut-être mérité une paire de gifles, peut-être est-ce condamnable devant les prud'hommes où il y a une action", a-t-il dit, avant de réfuter fermement le harcèlement
Et de montrer, photos à l'appui, qu'il n'y avait pas une si mauvaise ambiance dans ce laboratoire avant cette plainte pour harcèlement et agressions sexuelles intervenue juste après la vente de l'entreprise au Laboratoire Servier.
10 mois de prison avec sursis
Le gérant du laboratoire de recherche médicale Eramondi a été condamné mardi à Montpellier à 10 mois de prison avec sursis et 19.000 euros de dommages-intérêts pour harcèlement moral et agressions sexuelles sur huit de ses salariées.