Robert Ménard, maire de Béziers soutenu par le FN, a célébré ce mardi la première journée de Hanouka, la fête juive des lumières, suscitant une nouvelle polémique au regard du principe de laïcité. La cérémonie a eu lieu devant la crèche installée dans le hall de la mairie.
Robert Ménard a allumé une bougie électrique sur un chandelier à neuf branches dans le hall de la mairie.
Cette cérémonie, en présence d'une centaine de personnes, dont des membres de la communauté musulmane, a eu lieu devant la crèche de Noël installée par le maire depuis la fin novembre et à l'origine d'une première polémique.
"C'est une fierté d'accueillir dans notre mairie les représentants de la communauté juive de Béziers. C'est une joie et un message après l'arrestation d'individus qui préparaient un attentat contre la synagogue. Vous êtes ici depuis des siècles et vous êtes ici, à Béziers, chez vous. Totalement chez vous. S'en prendre à votre communauté, c'est s'en prendre à l'histoire de notre ville, à Béziers", a déclaré M. Ménard.
Trois hommes, âgés de 20 à 50 ans, ont été appréhendés il y a une semaine à Béziers par le SRPJ de Montpellier pour avoir évoqué des menaces contre l'école juive de Béziers ou la synagogue. Ils avaient été remis en liberté jeudi faute d'éléments, même si le plus âgé était apparu comme particulièrement inquiétant car "fanatique de lecture révisionniste et négationniste".
"Je suis très content de voir cette union, de voir que l'on peut au travers de ces religions que l'on bannit un peu partout en France se retrouver ensemble, de
voir que l'aspect religieux peut être un lien entre nous tous ici à Béziers", a répondu le président du consistoire israélite, Maurice Abitbol.
Interrogé lundi par l'AFP, M. Abitbol avait reconnu que cette cérémonie "ne faisait pas l'unanimité" au sein de la communauté juive biterroise et que sa présence "était plus personnelle" que représentative de la communauté.
Cette cérémonie de Hanouka, sans prière, n'a donné lieu à aucune manifestation à l'extérieur de l'Hôtel de ville, à l'inverse de l'inauguration de la crèche.
En revanche, l'opposition municipale a vivement contesté cette initiative, qui s'apparente, selon Aimé Couquet (FG) à du "mépris" pour la constitution française et à "la loi de séparation de l'Église et de l'État" de la part d'un maire qui
"installe un nouveau signe ostentatoire religieux dans la mairie de Béziers".
Karine Chevalier (PS) a, elle, critiqué M. Ménard qui, sous prétexte de laïcité, "juxtapose les symboles religieux". Et de s'interroger dans Midi-Libre sur ce qu'il va exposer "le 3 janvier pour Mawlid (naissance de Mohammed)? Un Coran?"
La crèche de Béziers sera au centre d'une audience en référé suspension vendredi au tribunal administratif à Montpellier.
Cette audience interviendra après une plainte déposée par un Biterrois et par la Ligue des droits de l'Homme, alors que M. Ménard a répondu par la négative à une lettre du préfet l'enjoignant de démonter la crèche.