En pleine polémique sur l'introduction de nouveaux ours dans les Pyrénées, le gouvernement envisage le lâcher à titre expérimental d'un couple de pandas géants. Les opposants à l'ours y sont plutôt favorables. Les écologistes dénoncent un recul des pouvoirs publics dans le dossier ours.
Le panda sera-t-il la solution pour régler le problème de l’ours dans les Pyrénées ? Une étude est actuellement menée par le ministère de l’Ecologie, à la demande du premier ministre, pour savoir si le panda géant, espèce endémique de la Chine, pourrait être introduit dans notre massif. Dans le plus grand secret, plusieurs experts du ministère et du parc régional des Pyrénées Ariégeoises ont fait le voyage ces dernières semaines en Chine pour rencontrer les naturalistes spécialistes du panda et négocier avec l'Etat chinois la livraison d'un premier couple, qui pourrait être introduit au printemps 2014, vraisemblablement en Ariège.
Un herbivore pacifique
La principale qualité du panda, c’est qu’il est herbivore. L’introduction dans les Pyrénées de cette espère aurait donc l’avantage de calmer les esprits du côté des bergers et des éleveurs, la cohabitation avec les troupeaux se faisant plus en douceur qu'avec l'ours à l'appétit parfois débordant. Mais le problème qui se pose pour le ministère et les services concernés, c'est l'alimentation du panda qui se nourrit principalement de feuille de bambous, introuvables en altitude dans nos Pyrénées. L'idée a donc germer de passer une convention avec le Parc aux Bambous de Lapenne (Ariège). Chaque semaine des gardes forestiers viendraient prendre livraison de plusieurs tonnes de bambous qui pourraient, dans certains cas, être héliportées vers les lieux de résidence des pandas.
Le symbole de la biodiversité
Choisi depuis des années comme emblème par le WWF, le panda bénéficie d'une image très positive dans la population. Son caractère débonnaire y est pour beaucoup. Ce que les naturalistes apprécient aussi c'est qu'il est bicolore : la partie noire de sa fourrure permettrait aux équipes de suivi de le repérer facilement dans la neige : inversement, avec sa fourrure blanche, il peut réfléchir la lumière des phares de voitures, ce qui pourrait éviter les accidents tragiques comme en août 2007 quand l'ourse Franska avait été tuée par un véhicule.
Airbus participe au financement
En ces temps de crise économique, le gouvernement ne veut pas prêter le flan à la critique sur le coup d'une telle opération. Plusieurs "sponsors" ont donc été sollicités et c'est Airbus qui a répondu favorablement : l'avionneur européen s'est engagé à accorder une ristourne (dont le montant est secret mais qui d'après nos informations avoisinent plusieurs millions d'euros) sur des commandes fermes d'avions passées par des compagnies chinoises en échange de la capture, de la vaccination et du transport de plusieurs couples de pandas par les autorités chinoises (le premier en 2014, puis une option sur 3 autres couples en 2015 et 2016). Le deal est en cours de rédaction dans un grand cabinet d'avocats.Un accueil mitigé
Du côté des opposants à la réintroduction de l'ours dans les Pyrénées, on accueille cette nouvelle avec une certaine satisfaction : le panda ne s'attaquera pas au troupeau et n'est pas dangereux pour la population. En revanche, les écologistes sont très critiques vis-à-vis du gouvernement : ils estiment que ce projet est un casus belli, le ministère de l'Ecologie mettant fin, selon eux, à des années de tentatives de réintroduction des ours dans le massif.EN VIDEO : le reportage de Laurent Winsback et Pascal Dussol