Le patron d'Airbus Group au Royaume-Uni met en garde les Britanniques : les investissements du géant de l'aérospatiale pourraient être remis en cause dans le pays en cas de Brexit après le référendum du 23 juin 2016.
"Nous espérons vraiment que le Royaume-Uni va rester au sein de l'Union européenne", a souligné Paul Kahn, le président d'Airbus au Royaume-Uni, tout en indiquant que son entreprise pourrait remettre en cause ses investissements dans le pays en cas de Brexit. Le groupe européen d'aéronautique et de défense y emploie 15 000 personnes dans des activités qui vont de la très importante production d'ailes pour les avions de ligne aux satellites en passant par les hélicoptères.
Une activité partagée entre différents pays d'Europe
"Nous utilisons les bénéfices du marché unique en permanence au quotidien", affirme Paul Kahn, citant la possibilité pour les employés de circuler entre les principaux pays du groupe, l'Allemagne, la France, le Royaume-Uni et l'Espagne. "Cela nous donne beaucoup d'avantages en tant qu'entreprise parce que nous travaillons de façon très intégrée et collaborative, ce qui signifie que nous accueillons la diversité culturelle au Royaume-Uni. C'est aussi une importante expérience pour les employés britanniques de pouvoir travailler dans d'autres cultures, à travers le groupe".La principale activité du groupe, celle de la division Airbus, qui fabrique des avions de ligne qui se vendent dans le monde entier, illustre aussi le fonctionnement de cette Europe industrielle. "Nous avons 6.000 personnes qui fabriquent des ailes au nord du Pays de Galles et ensuite ces ailes prennent l'avion - sur un très gros porteur Beluga - ou sont mises sur un bateau, notamment pour aller à Toulouse. Donc notre activité est vraiment intégrée, avec toutes les différentes parties du groupe travaillant ensemble pour créer un produit compétitif au plan mondial", explique le dirigeant.
Des emplois précieux pour les Britanniques
Ces emplois très qualifiés sont précieux pour le pays et en particulier pour une région qui a souffert de la désindustrialisation. Le ministre des Finances George Osborne a ainsi récemment brandi sur un plateau de la BBC un composant d'aile d'Airbus pour illustrer les risques économiques associés à un Brexit.Un doute sur les investissements futurs
Comment cette organisation industrielle réagirait-elle en cas de sortie du pays de l'Union européenne? "Nous ne sommes pas particulièrement inquiets sur l'impact à court terme et la réalité, c'est que nous ne savons pas à quoi ressemblerait la vie en dehors" de l'UE, répond Paul Kahn. A plus long terme, en revanche, le vrai danger pourrait se manifester lors des futurs arbitrages pour de nouveaux investissements dans le pays. Exemple : l'activité de fabrication d'ailes a profité des investissements décidés par Airbus pour automatiser les lignes de production des avions de la famille A320. Ces moyen-courriers, concurrents du Boeing 737, se vendent très bien et Airbus veut augmenter sa production de 42 par mois actuellement à 54, puis à 60 appareils dans quelques années. "C'est pour le long terme. On ne va pas déplacer ces investissements ailleurs. Le problème, c'est les investissements futurs : la prochaine fois, lorsque nous devrons augmenter l'automatisation, augmenter les investissements, augmenter la productivité, est-ce que ces investissements iront vers nos opérations britanniques ou ailleurs?", interroge Paul Kahn."Les investissements peuvent aller n'importe où dans le monde. Ce qui est important pour le groupe Airbus, c'est de rester concurrentiel au niveau mondial. Et si l'environnement réglementaire et économique change, alors les décisions sur les investissements futurs pourraient changer aussi, et c'est là le risque du vote pour quitter l'UE", insiste-il. "Si les investissements vont ailleurs, alors les emplois et les bénéfices liés à cet investissement iront ailleurs aussi", met-il encore en garde.