Le prêtre Philippe Detré a été condamné jeudi à dix-huit ans de réclusion criminelle par la cour d'assises du Nord, à Douai, qui le jugeait pour des viols et agressions sexuelles sur une dizaine de mineurs depuis les années 80.
La cour d'assises du Nord a reconnu coupable le prêtre Philippe Détrè de viols et d'agressions sexuelles sur mineurs et le condamne à 18 ans de réclusion criminelle avec une peine de sûreté des deux tiers assortie d'un suivi socio-judiciaire de 5 ans ainsi qu'une injonction de soins.
L'avocat général avait requis jeudi matin 15 à 18 ans de réclusion criminelle. A l'annonce du verdict, l'accusé est resté debout, de marbre. Selon un avocat des parties civiles qui a souhaité rester anonyme, il s'agit d'une "peine d'éradication, M. Detré ne pourra pas sortir de prison avant ses 80 ans au moins" (en cas de remise de peine). "C'est une décision qui m'apparait justifiée, au regard du nombre de victimes et des inquiétudes qui ont plané à l'audience sur le risque de récidive", a déclaré Jean-Philippe Broyart, avocat de l'association Enfance et partage, l'une des parties civiles, à l'issue du procès.
Il ne fera pas appel
"On ne se réjouit jamais qu'un homme de cet âge soit condamné à une peine comme celle qui a été prononcée, mais Philippe Detré accepte cette sanction et n'interjettera pas appel", a réagi Abderrahmane Hammouche, l'un des deux avocats du prêtre. "Il m'a dit qu'il ferait tout ce qui est en son pouvoir pour réfléchir sur les déviances qui se sont manifestées pendant 40 ans de sa vie", a-t-il ajouté.Un détenu âgé de 70 ans ou plus peut faire une demande de liberté conditionnelle sans attendre d'avoir purgé la moitié de sa peine. L'avocat général, Luc Fons, avait donc requis une période de sûreté des deux tiers contre Philippe Detré, 70 ans. "Vous serez certains qu'il ne sortira pas avant 10 ou 12 ans", avait affirmé M. Fons en s'adressant aux neuf jurés. "Ce ne sont pas les larmes de crocodile (de Philippe Detré) qu'on a vues ces jours-ci qui peuvent être comparées à cette main qui tenait la tête de (l'une des victimes), pendant que celle-ci avait son sexe dans la bouche et qu'il lui disait: +tu es un bon garçon continue+", a déclaré l'avocat général. Les parties civiles ont obtenu des dommages et intérêts allant d'un euro symbolique (pour Enfance et partage) à quelque 25.000 euros.
Nous avons suivi ce procès en direct minute par minute pendant 4 jours. Vous pouvez relire ce live ici.
Communiqué de l'archevêque de Lille
Dès le premier jour du procès, nous avons tous entendu les souffrances des victimes. Les faits sont très graves et inacceptables. Au cours du procès, Philippe DETRE a reconnu sa responsabilité et a mesuré la gravité de ses actes ; il a demandé pardon à ses victimes. Je sais aussi la peine et le sentiment de trahison des paroissiens et des prêtres qu’il a connus, comme la peine de toute l’Église diocésaine et la mienne.Je redis ma stupéfaction, ainsi que celle de la communauté chrétienne. Il n’y a pas de tolérance possible face à de tels agissements.
Selon les normes de l'Église, des sanctions seront portées à son encontre. Déjà, Philippe DETRE n’exerce plus le ministère de prêtre.
Et nous poursuivons les efforts nécessaires dans la lutte contre la pédophilie, déjà renforcée par l’Église de France depuis une quinzaine d’années.
A Lille, le 15 janvier 2015
Mgr Laurent ULRICH Archevêque de Lille