Négligence coupable ou tragique concours de circonstances ? Le jugement est attendu lundi dans le procès de la SNCF, poursuivie pour la mort de deux supporters de football fauchés par un RER en 2009 et contre qui 300.000 euros d'amende ont été requis.
Le 7 mars 2009 peu avant minuit, un enfant de 10 ans et un adolescent de 18 ans qui faisaient partie d'un groupe de supporters du club de football de Lille avaient été fauchés par un RER alors qu'ils longeaient une voie ferrée près du Stade de France, au nord de Paris.
A l'issue du match, cherchant à rejoindre leur autocar garé de l'autre côté du canal Saint-Denis, les supporters s'étaient perdus et avaient fini par emprunter un escalier, théoriquement interdit mais dont la porte n'était selon eux pas fermée, et qui débouchait sur un pont ferroviaire.
Deux jours d'audience au tribunal correctionnel de Bobigny (Seine-Saint-Denis) à la mi-avril n'avaient pas permis de répondre à cette question cruciale : la porte d'accès aux voies était-elle fermée comme le soutient la SNCF - rapports d'inspection à l'appui - ou ouverte comme l'affirment les témoins du drame ?
L'idée, un temps avancée par la défense, que les victimes, pressées de regagner leur autocar dans les temps, aient pu forcer l'ouverture de la porte avait suscité l'indignation des parties civiles.
Elle n'a pas convaincu en tout cas le procureur, qui avait jugé l'entreprise coupable d'un "grave manquement à son obligation de sécurité" et requis 300.000 euros d'amende à son encontre.
La SNCF encourt jusqu'à 450.000 euros pour les chefs de "blessures" et "homicides involontaires" en récidive. Ses avocats avaient plaidé qu'il n'entrait pas dans les missions de la SNCF d'"assurer la sécurité publique", mais seulement celle de ses usagers, et qu'il fallait cesser de lui faire porter la responsabilité de comportements manifestement imprudents.