La justice a ordonné ce jeudi la suspension d'une décision de l'AP-HP empêchant le docteur Nicole Delépine, ancienne chef du service de cancérologie pédiatrique de Garches récemment fermé, de cumuler emploi et retraite.
Pour le Dr Delepine c'est une "première marche" pour rouvrir ce service aux méthodes controversées. Dans son ordonnance, le juge des référés du tribunal administratif de Cergy-Pontoise a suspendu l'exécution de la décision par laquelle l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) avait refusé, en juin, que le docteur Delépine puisse cumuler emploi-retraite pour poursuivre son activité.
Une audience sur le fond du dossier se tiendra ultérieurement.
Après des mois de polémique, l'unité de cancérologie de Garches (Hauts-de-Seine) a été fermée jeudi 7 août par l'AP-HP. L'administration avait programmé cette fermeture après le départ à la retraite du Dr Delépine en juillet, mais s'était heurtée à la résistance de certains parents.
Le juge a notamment estimé qu'il y avait "urgence" à statuer car le refus de cumul emploi-retraite "est susceptible (...) de porter atteinte de manière suffisamment grave et immédiate à un intérêt public", invoquant aussi "l'intérêt des patients".
"Le juge suspend la décision de refus du cumul emploi-retraite pour permettre la continuité des soins : il ordonne la poursuite de l'activité du médecin, à effet immédiat, ce qui ouvre la voie à une réouverture du service, me semble-t-il", a commenté Me Emmanuel Ludot, avocat de l'association Ametist, qui regroupe des proches d'enfants malades.
"C'est la première marche des étapes à franchir pour pouvoir rouvrir le service dans des locaux corrects, avec du personnel et des médecins", a réagi Nicole Delépine auprès de l'AFP. Encore faut-il que l'AP-HP "me propose un endroit où je puisse effectivement travailler", a-t-elle ajouté.
Pour l'AP-HP, cette décision ne change rien
La décision "n'impose en aucun cas le recrutement de Nicole Delépine", a répondu l'AP-HP dans un communiqué.
L'ordonnance "ne change rien à la décision de cessation d'activité anticipée de l'unité d'oncologie pédiatrique de l'hôpital de Garches le 7 août dernier", a ajouté l'administration, rappelant que l'autorisation d'exercer expirait le 21 août. La "continuité des protocoles engagés" à Garches est assurée pour les patients qui sont désormais accueillis dans d'autres hôpitaux, notamment Ambroise-Paré à Boulogne-Billancourt, a souligné l'AP-HP, qui "se réserve le droit d'examiner les suites qu'elle entend donner à cette ordonnance".
L'unité de Garches dispensait un traitement par chimiothérapie, vieux de trente ans, basé essentiellement sur une molécule, le méthotrexate, et refusait les molécules innovantes, qui incluent les patients dans des essais cliniques.