Les craintes se sont avérées fondées: Air France a annoncé jeudi aux représentants du personnel que la compagnie aérienne, en difficulté économique, allait lancer un nouveau plan de départs volontaires, visant son personnel au sol et ses hôtesseset stewards.
Aucun chiffre ni aucune date n'ont été avancés par la direction, qui a fait cette annonce dans le cadre d'un Comité central d'entreprise, réuni depuis jeudi matin à Roissy. Contactée, l'entreprise n'a pas voulu faire de commentaire dans l'immédiat. Elle devrait cependant communiquer à l'issue du CCE. Le plan de départs volontaires (PDV) sera "limité aux personnels au sol et aux personnels navigants commerciaux" (hôtesses de l'air et stewards), a indiqué à l'AFP Ronald Noirot de la CFE-CGC, deuxième syndicat toutes catégories confondues. "Il y aura un PDV pour absorber le sureffectif identifié fin 2014", dont "on n'a pas les chiffres", a précisé un autre participant à la réunion Le plan de départs devrait être lancé "cette année sûrement", a ajouté cette source.
Des précisions pourraient être apportées lors de la prochaine séance du Comité central d'entreprise, programmée le 5 février. A moins que l'entreprise n'attende la publication des résultats annuels d'Air France-KLM, le 19 février. Le groupe franco-néerlandais, en difficulté, a publié le 18 décembre dernier un troisième avertissement sur résultats, plombé par le coût de la grève de ses pilotes français en septembre et une conjoncture morose.
Dès le mois de mai, le patron du groupe Air France, Frédéric Gagey, avait laissé entendre que de nouvelles pertes pourraient entraîner de nouvelles suppressions d'emplois. "L'objectif reste un retour à l'équilibre opérationnel cette année (2014). Si on était en perte, on serait plus dos au mur, ce qui changerait les termes du dialogue social", avait-il confié à des journalistes lors d'un déplacement à Shanghai.
- 'D'abord des économies' -
Engagée dans une politique de réduction des coûts, Air France a supprimé près de 8.000 emplois depuis 2012 et le lancement du plan de restructuration "Transform 2015". Fin 2013, le seul groupe Air France (la compagnie traditionnelle et ses filiales Hop! et Transavia France) employaient environ 65.000 salariés en équivalents temps plein. Un plan de départs volontaires en cours se termine fin mars.
L'entreprise avait timidement démenti mi-janvier un article du Figaro faisant état de 5.000 suppressions de postes. "Rien n'est encore décidé s'agissant d'un éventuel nouveau plan de départs volontaires", avait indiqué un porte-parole. "Il est donc parfaitement prématuré de l'évoquer, tant sur le principe que sur
son éventuelle ampleur", avait-il ajouté. Air France-KLM peine à retrouver des marges de croissance, malgré des efforts constants pour réduire ses coûts, une obsession depuis le plan "Transform 2015".
Le plan stratégique "Perform 2020", qui lui a succédé en janvier, devait impulser une nouvelle dynamique, tournée vers la croissance. Mais les derniers résultats financiers incitent peu à l'optimisme. "Au départ, Perform 2020 devait travailler principalement sur la croissance, tout en continuant les économies à faire. Sauf que là, on part plutôt sur le second point; d'abord les économies et, après, on parlera de croissance", avait indiqué avant le CCE son secrétaire général, Didier Fauverte (CGT).
Pour faire des économies, la compagnie a plusieurs options: arrêter certaines lignes non rentables, réduire les investissements, ralentir le rythme de réception des nouveaux avions ou réduire encore ses effectifs. Parallèlement aux mesures d'économies, Air France-KLM vise une réduction de sa dette, en tablant sur un objectif de 4,5 milliards d'euros à fin 2015 contre 6,5 milliards début 2012, au lancement du plan Transform.