Des cocktails Molotov lancés sur un lycée, des proviseurs et enseignants violemment agressés pour avoir sermonné un élève ou tenté de ramener le calme: la banlieue parisienne connaît un épisode de violences qui inquiète jusqu'au gouvernement.
La série récente d'agressions en banlieue parisienne a frappé les esprits, notamment la scène de violences, impliquant un groupe de jeunes, qui s'est déroulée lundi devant un lycée de Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis). La proviseur du lycée professionnel Hélène-Boucher a été frappée à la grille de l'établissement, sur lequel plusieurs cocktails Molotov ont été lancés. Mardi matin, un véhicule de police était stationné devant ce lycée professionnel, fermé jusqu'à nouvel ordre. Sur la façade, les traces de cocktails Molotov étaient toujours visibles.
Sur place, des témoins ont décrit des scènes d'émeutes urbaines, avec des jeunes cagoulés harcelant les forces de l'ordre, qui ont également essuyé des tirs de mortier d'artifice. La proviseur, qui se tenait à la grille comme chaque matin, a été molestée pour avoir tenté de raisonner les émeutiers. Elle a été transportée à l'hôpital en même temps que la gardienne du lycée, qui a fait un malaise.
Par ailleurs, toujours en Seine-Saint-Denis, le proviseur d'un lycée professionnel de Saint-Denis s'est fait casser le bras jeudi dernier par un élève qui n'avait pas supporté une remontrance sur son retard. Son adjointe a été blessée au visage.
Le Val-d'Oise est aussi concerné
Lundi, un enseignant a été passé à tabac en pleine rue alors qu'il ramenait sa classe d'un cours de sport à Argenteuil. Cet instituteur avait expliqué qu'il était en train de gronder une élève parce qu'il était son "maître". "Le seul maître c'est Allah", aurait justifié l'un des agresseurs. Interrogé par les enquêteurs, l'instituteur a démenti qu'un des agresseurs ait prononcé cette phrase.
Manuel Valls et la ministre de l'Education ont réagi
L'État poursuivra sans relâche ceux qui s'en prennent à nos professeurs, nos écoles, nos forces de l'ordre", a tweeté mardi le Premier ministre Manuel Valls, après la série d'incidents survenus dans ces départements de petite et grande couronne parisienne.
Seine-Saint-Denis et Val-d'Oise: l'État poursuivra sans relâche ceux qui s'en prennent à nos professeurs, nos écoles, nos forces de l'ordre.
— Manuel Valls (@manuelvalls) 18 octobre 2016
Ce mardi la ministre de l'Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, a elle aussi condamné une "montée des violences à l'égard des fonctionnaires" dans ces départements, visant "aussi bien les policiers que les enseignants et les proviseurs". Et encouragé les personnels à porter plainte systématiquement.
Le Syndicat national des personnels de direction de l'Education nationale (SNPDEN) a "condamné avec la plus grande fermeté" les récentes violences
"Les établissements les plus exposés dans les zones les plus sensibles ne disposent d'aucun personnel de sécurité", a pointé Philippe Tournier, secrétaire général du premier syndicat des chefs d'établissement, interrogé par l'AFP.
Le syndicat Sud Education 93 a pour sa part réclamé "un plan d'urgence pour l'éducation dans le 93", affirmant que ces dernières semaines des "incidents graves" ont aussi eu lieu à Noisy-le-Sec ou encore à Pavillons-sous-Bois. "Il y a des incidents, oui, les relier les uns aux autres, non. Il n'y a pas en Seine-Saint-Denis de malfrats qui ont décidé d'en découdre avec les enseignants", estime cependant une source policière, voyant dans Tremblay-en-France une "poudrière".