Lors d'un conseil d'administration de Sciences Po Strasbourg, la décision a été prise de suspendre un partenariat avec l'université Reichman en Israël. Située au nord de Tel-Aviv, les prises de position de cette institution par rapport au conflit entre Israël et le Hamas ont notamment motivé cette décision qui a fait l'objet d'un vote.
C’était une réunion pour le moins “tendue” confie Vladimir Gilg, étudiant de Sciences Po Strasbourg et membre du conseil d’administration. "La discussion était confuse", souligne quant à lui le directeur de Sciences Po Strasbourg, Jean-Philippe Heurtin.
La décision a été validée il y a quelques jours : Sciences Po Strasbourg a suspendu son partenariat avec l’université Reichman, située à Herzliya au nord de Tel-Aviv
Pour l’étudiant favorable à une rupture avec l'université Reichman, cette dernière cautionne la politique menée par le gouvernement de Benyamin Netanyahou. Il évoque également un “soutien logistique” apporté aux combattants.
“Pour nous ça ne correspond plus aux valeurs de notre école. Il y a un comité à Sciences Po Strasbourg qui demande depuis un certain temps la rupture de certains partenariats comme celui-ci.” L’université, rappelle-t-il, n'a plus d’étudiants sur place depuis le 7 octobre. “Il aurait été beaucoup plus politique de préserver ce partenariat à la lumière des informations que nous avons. Ce n’est pas forcément quelque chose que la direction a souhaité”, précise Vladimir Gilg à France 3 Grand Est.
De son côté, le directeur de Sciences Po Strasbourg, minimise la portée de ce vote qui aurait bien plus une valeur symbolique que décisionnaire. "De fait, le partenariat est rompu depuis le 7 octobre du fait de l'incapacité à assurer la sécurité de nos étudiants présents sur place. Ce vote ne change donc absolument rien. On est dans le symbole recherché par les étudiants. Ils ont voté pour lors du conseil d'administration, des personnalités extérieures se sont abstenues et la décision a été validée. Je ne vais pas le cacher je ne suis pas ravi de ce vote car je suis contre toute forme de boycott académique d'une institution présente dans un pays démocratique comme l'est Israël. Cela n'a rien à voir avec le conflit en Ukraine ou le gouvernement français avait décidé de mettre fin aux partenariats avec les universités russes. Mais encore une fois, nous sommes ici dans le symbole, à la fin du conflit, ce partenariat reprendra."
Parmi la centaine de partenariats que Sciences Po Strasbourg compte avec des universités un peu partout dans le monde, celui-ci est le seul avec une université israélienne.
Les étudiants en appellent aux valeurs de Sciences Po
Les arguments avancés par les représentants étudiants lors de la réunion évoquent notamment le “soutien inconditionnel” de l’université Reichman à l’armée israélienne. Selon eux, cette institution n'aurait en aucun cas la volonté d'aboutir à un accord de paix.
Dans une vidéo, la vice-présidente de l’université déclare : "l’ADN de cette université est qu’elle est une université sioniste qui travaille à soutenir la communauté et embrasse les forces de sécurité"
Les étudiants de Sciences Po dans une motion proposée en conseil d'administration
Les étudiants ont également basé leur argumentaire sur une publication dans laquelle des soutiens à la politique du gouvernement Netanyahou sont exprimés.
Ses prises de position ont contribué, selon Vladimir Gilg, à alimenter le sentiment de décalage entre les valeurs défendues par Reichman et celles de Sciences Po Strasbourg. Un décalage contesté par le directeur Jean-Philippe Heurtin pour qui "cette université est sioniste, ce qui pour une université israélienne signifie simplement être patriote. Elle met en avant son soutien notamment aux étudiants réservistes qui étudient en son sein. Je pense que si la France était en guerre, les universités françaises feraient de même."
Ce vote en conseil d'administration fait suite à un mouvement de remise en question des partenariats avec les universités israéliennes qui a agité plusieurs établissements de Sciences Po ces derniers mois.
L'antenne alsacienne du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France) a dénoncé mercredi 30 octobre ce "boycott", y voyant "le signe de graves dérives" et une "méconnaissance totale de l'organisation de la société israélienne.