Le "Canard enchaîné" affirme, ce mercredi 27 janvier, que la SNCF a briefé ses employés avant leur passage devant les enquêteurs dans l'affaire du déraillement du train Paris-Limoges, à Brétigny-sur-Orge, dans l'Essonne.
Le "Canard" affirme que chaque cheminot concerné par l'enquête a été "invité à un entretien avec le service juridique" de la SNCF, suivie d'un débriefing après son audition par les enquêteurs.
Selon l'hebdomadaire, habituellement bien informé, les dirigeants de la SNCF ont été placés sur écoute par les juges chargés de l'enquête. Comme toujours dans ses enquêtes, le "Canard" prend la précaution de préciser qu'il "a eu accès à de nombreuses pièces de l'enquête".
Il cite ensuite certains des extraits de ces écoutes pour montrer l'existence d'un "double langage" de la part de certains des témoins, employés de la SNCF, interrogés. Comme ce cadre qui déclare dans une conversation interceptée : "Brétigny, c'est des crevards. Faut tous les foutre dehors !", mais qui assure ensuite aux juges ne pas savoir si les travaux de maintenance y sont correctement menés.
"Il faut attendre les demandes"
Autre extrait qui semble tout aussi édifiant : "Moi, je t'invite à ne rien apporter... Tu viens avec rien... Il faut attendre leurs demandes", déclare ainsi à un cheminot une cadre au service juridique, dont le "Canard enchaîné" indique qu'elle était chargée de préparer les employés.La SNCF a réagi dès mardi soir, 26 janvier, dans un communiqué qui ne dément pas l'existence de briefings mais en précise la nature à ses yeux : "La direction juridique de la SNCF (...) défend et accompagne ses salariés lorsqu'ils sont mis en cause dans l'exercice de leur fonction. C'est le cas pour l'instruction concernant l'accident de Brétigny", dit ainsi la compagnie ferroviaire qui ajoute : "Les salariés auditionnés par les juges sont totalement libres de leurs propos."
Depuis l'ouverture d'une information judiciaire par le parquet d'Evry, seules deux personnes morales ont été mises en examen, la SNCF et Réseau ferré de France (RFF), toutes deux mises en cause pour homicides et blessures involontaires. Trois cheminots de la SNCF, chargés de la surveillance des voies au moment du déraillement, ont par ailleurs été placés mi-janvier sous le statut de témoin assisté.
► VOIR le reportage de Maud de Bohan