Fondée en 2003, l'association du Paris Foot Gay vit une crise sans précédent : malgré un budget conséquent, les joueurs ont tous quitté l'équipe et dénoncent une gestion désastreuse.
On l’a entendu sur toutes les ondes. Vu sur tous les plateaux de télévision. Lu dans les quotidiens les plus huppés. Depuis 10 ans, Pascal Brethes est en quelque sorte le porte voix officiel de tous ceux qui luttent contre l’homophobie dans le sport. Qui ne se souvient pas de l’affaire du Créteil Bébel ? Avec cette équipe de football refusant de jouer un match contre le Paris Foot Gay ? L’affaire avait fait grand bruit à l’automne 2009, et depuis, le Paris Foot Gay, et surtout son président, sont devenus un symbole auquel on ne refuse rien. Partenariat avec le Paris Saint Germain, la Ligue de Football Professionnel, subventions de la Ville de Paris (35.000 euros par an), contrat avec Nike… le Paris Foot Gay roule sur l’or et dispose d’un budget de plus de 100.000 euros annuels. Son président fondateur est devenu salarié de l’association et, grâce aux subventions, peut se permettre certains coups d’éclat, en organisant des tournois au Parc des Princes ou des sondages grandeur nature sur l’homophobie dans le monde du football professionnel.
Le tableau est presque idyllique pour une structure fondée il y a tout juste 10 ans. Pourtant, derrière les dorures et les paillettes, les fondations de la maison Paris Foot Gay se lézardent, au point que les joueurs qui portaient jusqu’ici fièrement le maillot de ce club atypique ont décidé de claquer bruyamment la porte, pour fonder leur propre association, les Panamboyz United. Pourquoi ? Autoritarisme des dirigeants, non respect des statuts, absence d’assemblée générale, comptes opaques, prête noms aux postes clés de l’association… l’enquête publiée par nos confrères de Rue89 éclaire d’un jour nouveau cette association ultra médiatisée mais dont la légitimité est plus que jamais vacillante. Sans joueurs, ni bénévoles (ceux qui s’occupaient de l’équipe sont également partis), le Paris Foot Gay n’est plus vraiment un club de foot luttant contre l’homophobie au plus près des réalités du terrain mais une simple structure de lobbying, financée en grande partie par l’argent public.
C’est presque une histoire banale. Celle d’une association qui vieillit mal, qui a bien du mal à se renouveler et qui est considérée par celui l’a fondée comme son propre bébé. Aujourd’hui, il ne reste plus grand-chose du Paris Foot Gay de l’affaire Créteil Bébel : l’argent coule toujours à flot mais l’équipe de football, qui était l’essence même de la structure et que nous avions suivie à plusieurs reprises sur notre antenne, a disparu. Officiellement d’autres joueurs vont arriver pour remplacer ceux qui ont mis les voiles. Il en va évidemment de la survie financière de l’association. Sans équipe, on voit mal les sponsors, privés, et les financeurs, publics, poursuivent leur collaboration.