Ancien marin-pêcheur, délinquant multirécidiviste parti combattre pour l'Etat islamique en Syrie et en Irak, éphémère restaurateur à Raqqa, Nicolas Moreau, 32 ans, saura lundi s'il reste en prison, après 18 mois de détention provisoire.
Dix ans ont été requis contre Nicolas Moreau le 14 décembre, devant le tribunal correctionnel de Paris, qui le jugeait pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste.
Il a assuré lors de l'audience avoir rompu avec les jihadistes de l'Etat islamique, "une secte", mais n'avoir fait que son "devoir de musulman" et jamais "porté préjudice à la France" en partant combattre en Syrie et en Irak, entre janvier 2014 et juin 2016, date à laquelle il a été écroué en France après son arrestation en Turquie.
Son frère, le premier jihadiste français jugé à son retour de Syrie
Né en Corée du Sud, adopté à quatre ans par une famille française, Nicolas Moreau a vécu a vécu à Nantes dans le quartier Beauséjour. Il a sombré dans la délinquance après le divorce de ses parents adoptifs, se convertissant à l'islam en prison, où il passe cinq années, notamment pour des vols avec violences.
Une trajectoire similaire à celle de son frère, Flavien Moreau, son cadet de deux ans, lui aussi d'origine coréenne, qui a été le premier jihadiste français jugé à son retour de Syrie et a été condamné en novembre 2014 à sept ans de prison. Mais si Flavien ne passe que quelques semaines dans la zone syro-irakienne, Nicolas, lui, va y rester près d'un an et demi, combattant en Syrie et en Irak, ouvrant même pendant trois mois à l'été 2014 un restaurant à Raqqa avec le "butin de guerre" amassé.
J'ai pris conscience des excès de Daech (acronyme arabe de l'EI).
"Ils font du bourrage de crâne, ils torturent les prisonniers. Ils font la misère même aux musulmans", a affirmé Nicolas Moreau.
Ses renseignements lui allègeraient-ils sa peine ?
Il met en avant les renseignements "de premier ordre" qu'il aurait fournis à la justice française, qui lui vaudraient d'être menacé dans la prison de Fleury-Mérogis.
Mettant en avant sa volonté de se marier et de se ranger, il n'a pas hésité à prévenir ses juges: "Si vous me mettez une lourde peine, cela va être plus dur
de me réinsérer. Je reprendrai les armes".
Pour le procureur, qui a requis dix ans de prison, avec une période de sûreté des deux tiers, Nicolas Moreau représente "une dangerosité sociale extrême", car "il reviendrait à son engagement jihadiste" s'il était libéré.