17 ans après les faits, Jacques Rançon a été mis en examen à Perpignan pour le meurtre de Moktharia Chaïb qu'il a avoué cette nuit: viol avec arme en récidive et assassinat. Cet homme de 54 ans originaire de Hailles dans la Somme a déjà condamné par les Assises de la Somme en 1992 pour viol ?
Magasinier-cariste de 54 ans, Jacques Rançon est né dans une famille nombreuse de Hailles dans la Somme. Il est ensuite parti vivre à Moreuil (80).
Elève au lycée Eugène Lefèvre de Corbie, il a perdu très tôt son père, décédé en 1979. Sa mère est elle décédée en 1992.
Homme au lourd passé de délinquant sexuel, Jacques Rançon a été condamné en 1994 par les assises de la Somme à 8 ans de prison ferme pour le viol d'une jeune femme de 20 ans sous la menace d'une arme blanche en 1992. Il n'a effectué que 5 ans: libéré en 1997, il arrivait à Perpignan quelques mois plus tard.
Avec Oscar et Colette Gaudet, habitants de Hailles depuis les années 1950 et Jacques Van-Oostende, ancien maire de Hailles/Reportage de Mickaël Guiho et Bleuenn Leborgne
Sans emploi et sans domicile fixe, il a déjà fait des années de prison pour des agressions sexuelles et violences, dont neuf mois en 2013-2014 pour menaces de morts contre sa concubine dont il a eu 2 enfants. C'est à l'occasion de cette condamnation que son ADN a été classé dans le Fichier national des empreintes génétiques.
Interpellé mardi midi dans un logement temporaire du nord de Perpignan, il a d'abord nié farouchement tout lien avec les meurtres de deux jeunes filles
assassinées il y a plus de 15 ans et la disparition d'une troisième jamais retrouvée.
Il a finalement avoué ce jeudi matin le meurtre de l'étudiante en sociologie de 19 ans, Mokhtaria Chaïb, retrouvée atrocement mutilée le 21 décembre 1997, au lendemain de sa disparition près de la gare de Perpignan. Sa dépouille avait été retrouvée en bordure d'un terrain vague, sa poitrine et
son appareil génital prélevés de façon quasi-chirurgicale.
Jacques Rançon était arrivé en 1997 juste quelques mois à Perpignan avant la disparition de Mokhtaria Chaïb où il était cariste-magasinier par intérim. Il logeait dans différents hôtels de la ville, selon des sources proches du dossier.
Il avait fait partie de la centaine de suspects lors de l'enquête lancée après la découverte du corps. Il avait été l'objet d'une audition et d'une perquisition.
Des vêtements étrangers avaient été saisis chez lui mais les analyses n'avaient rien donné.
En octobre dernier à Perpignan, il avait écopé d'un an pour des menaces de mort sur sa concubine, la mère de ses deux enfants. Il avait été libéré après 9 mois de prison, d'où il était sorti en juillet dernier.
"Il m'a suivie dans la rue avec un couteau, donc là, j'ai porté plainte", a expliqué mercredi sa dernière concubine, Lolita, dans une interview à RTL.
Cette femme, qui a partagé sa vie durant 7 ans, a souligné qu'il partait fréquemment "la nuit". "On se demandait ce qu'il faisait, on n'a jamais su, à part soi-disant faire le tour de la gare, c'était son lieu favori, toujours l'endroit qu'il a préféré: la gare", a-t-elle dit à la radio.
Grâce aux progrès scientifiques, deux ADN masculins inconnus ont pu être isolés sur la scène de crime de Marie-Hélène Gonzales et un troisième sur celui de Mokhtaria Chaïb.
Ces ADN ont été croisés avec le fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG) et c'est ainsi qu'est ressorti l'ADN du suspect, présent sur ce fichier et rapproché d'un ADN masculin partiel prélevé sur le corps de Mokhtaria Chaïb.
L'ADN de la scène de crime étant dégradé, le rapprochement avec celui du suspect ne pouvait permettre à lui seul une identification formelle.
L'homme est également entendu dans le cadre de l'enquête sur le meurtre de Marie-Hélène Gonzalez, 22 ans, retrouvée le 26 juin 1998, mutilée de la même manière mais aussi décapitée. Elle aussi avait disparu près de la gare de Perpignan, dix jours auparavant.
Une troisième jeune fille brune, Tatiana Andujar, lycéenne de 17 ans, avait disparu dans le quartier de la gare en septembre 1995. Elle n'a jamais été retrouvée. Le suspect "était incarcéré au moment où ma fille a disparu. Pour nous tout est à refaire, on est repartis à la case départ", a déclaré sa mère Marie-José Garcia jeudi matin à la chaîne de télévision BFM-TV.
Ces meurtres avaient traumatisé Perpignan pendant des années.