Il y a près de trois semaines, une aide-soignante avouait avoir empoisonné neuf pensionnaires, dont six mortellement, à l'EHPAD de Jacob-Bellecombette. Elle expliquait avoir voulu "soulager leurs souffrances". Ce lundi 6 janvier, la ministre déléguée aux personnes âgées a fait le déplacement.
"Cette affaire est une affaire considérable qui provoque un très fort traumatisme dans l'établissement", avait affirmé le directeur de l'hôpital de Chambéry, Guy-Pierre Martin, au lendemain de la découverte des cas d'empoisonnements à l'EHPAD. L'hôpital a depuis déposé plainte.
Attendue depuis presque 3 semaines, Michèle Delaunay, ministre déléguée aux personnes âgées, a préféré attendre que la pression médiatique retombe quelque peu. Elle a rendu visite ce 6 janvier aux résidents, et discuté longuement avec le personnel soignant, encore très meurtris par le drame.
"Je remarque que ce personnel se reconstruit (...) il a été très marqué par ce qui est arrivé", a commenté la ministre.
"La force de cette équipe m'a rassuré", affirme Michèle Delaunay. Pourtant, de multiples questions restent posées. Et notamment le pourquoi du geste répété de l'aide-soignante. Mais la Ministre n'a voulu tirer aucune conclusion tant que l'enquête n'est pas terminée. "Les motivations sont... incompréhensibles" a déclaré Michèle Delaunay.
On sait aujourd'hui que la jeune aide-soignante avait été très affectée par la mort de sa mère en juin 2013, après 13 mois d'une leucémie aiguë. Depuis, elle "n'arrivait pas à s'en remettre", d'après son oncle: "avec ma femme, on se demande (...) s'il y a quelque chose qui a disjoncté dans sa tête", a confié Bernard Chambet.
On sait aussi que les psychotropes donnés aux pensionnaires sont "des médicaments comme les autres" qui ne relevaient "pas d'une réglementation particulière avec mise sous clé", a expliqué le directeur du centre hospitalier de Chambéry.
Dans les EHPAD, une aide soignante a le droit de délivrer des médicaments prescrits par un médecin, mais les psychotropes ont dans ce cas "été utilisés de manière délictueuse" par l'aide-soignante. Or, "comme pour tout médicament, un surdosage ou un cocktail sont dangereux".