Les corps sans vie de six alpinistes ont été retrouvés, mercredi 13 août, devant l'Aiguille d'Argentière (Haute-Savoie). La cordée a fait une chute mortelle sur le chemin du retour, dans une "zone noire" en termes de transmissions, et les recherches ont été ralenties par une perturbation météo.
On ne sait pas encore ce qui a tué cinq membres d'une cordée de l'UCPA, retrouvés morts mercredi dans le massif du Mont-Blanc, l'un des plus graves accidents depuis dix ans dans les Alpes françaises survenu mardi 12 août. Tous les corps ont été retrouvés. Le sixième a été dégagé d'une crevasse en début d'après-midi.
Cinq hommes et une femme, âgés entre 30 et 40 ans, participaient à un stage de deux semaines organisé par l'UCPA (Union nationale des centres sportifs de plein air), accompagnés par un guide.
"Ils ont dévissé sur le Glacier du Milieu, sur l'itinéraire de retour", a précisé le commandant du PGHM, Jean-Baptiste Estachy, estimant que l'accident "a pu avoir lieu vers la mi-journée", à un moment où la météo était on ne peut plus favorable. "On a la certitude qu'ils sont décédés sur le coup après une chute de 250 mètres", a-t-il dit.
En vidéo, le reportage de Florine Ebbhah et Jean-Pierre Rivet :
Des alpinistes aguerris
Les six alpinistes étaient partis mardi matin pour l'ascension de l'Aiguille d'Argentière (3.901 mètres) et devaient regagner le refuge éponyme entre 14H00 et 16H00. Pratiqué tout au long de l'année, cet itinéraire est jugé "peu difficile en cotation montagnarde", a observé David Ravanel, président de la compagnie des guides de Chamonix. "Mais ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas de risque et pas de danger.
Tous étaient semble-t-il "des connaisseurs", dont le guide de 42 ans qui les menait. "Pierre était un guide expérimenté, qui fait cette course tous les 15 jours. Ils sont partis à 4H00 dans de très bonnes conditions", a expliqué le gardien du refuge, Fred Laurenzio.
"Ne les voyant pas revenir à 17H00, on a décidé d'appeler le Peloton de gendarmerie de haute-montagne (PGHM) de Chamonix pour faire une reconnaissance, sans appel d'urgence", a-t-il ajouté.
"Sur le bassin de l'Argentière, il n'y a pas de réseau, c'est une zone noire au niveau de la transmission des secours par mobile", a déploré le gardien du refuge. "S'il y a un petit problème, ça peut se transformer en très gros problème car il faut descendre et rejoindre le refuge par ses propres moyens pour déclencher un secours", a-t-il dit.
Des secours difficiles
La météo était belle au moment de l'accident. Elle ne l'était plus lorsque l'alerte a été donnée. Selon le gardien, une perturbation est arrivée à 18H00, "qui a masqué le sommet de l'aiguille", un sommet du massif du Mont-Blanc. "Les secours n'ont pu intervenir avec l'hélicoptère jusqu'au sommet et ils n'ont rien repéré", a-t-il dit, malgré des recherches jusqu'à 22H30.
Mercredi dès 08H30, quatre gendarmes ont repris les recherches au sol, faute de pouvoir approcher le sommet en hélicoptère "en raison du mauvais temps", a expliqué le secrétaire général de la préfecture de Haute-Savoie, Christophe du Payrat. A 09H00, les corps de cinq membres de la cordée étaient retrouvés sans vie, entre 3.500 et 3.700 mètres. On ignore pour l'instant s'ils ont été victimes d'une avalanche ou si la cordée a dévissé.
Déjà six morts en juillet
Selon un décompte de l'AFP, six alpinistes avaient déjà trouvé la mort dans le massif du Mont-Blanc entre le 15 et le 30 juillet, dont deux Irlandais, deux Finlandais, un Allemand et un Français.
Cet accident est un des plus graves des dix dernières années dans les Alpes françaises.
En juillet 2012, neuf alpinistes suisse, allemands, britanniques et espagnols avaient été tués par une avalanche au Mont Maudit dans le massif du Mont-Blanc. En août 2008, huit alpinistes (trois Suisses, un guide autrichien et quatre Allemands)avaient également péri dans une avalanche à la suite de la chute de séracs (blocs de glace) au Mont-Blanc du Tacul, sur une voie d'accès au Mont-Blanc. En juin 2011, six alpinistes avaient fait une chute mortelle dans le massif des Ecrins (Hautes-Alpes).
Entre 1990 et 2011, les registres de la gendarmerie recensent 256 accidents ayant causé 74 morts et 180 blessés rien qu'entre le refuge de Tête Rousse (3.167 mètres) et le refuge du Goûter (3.835 mètres) sur la voie d'accès normale au Mont-Blanc.