Le Bergallien de 28 ans accusé d'avoir tenu des propos "limite" au passage d'une patrouille de police dimanche dernier, a été jugé ce mercredi 14 janvier en comparution immédiate et reconnu coupable d'apologie d'acte terroriste. Il a écopé de six mois de prison ferme. Le procureur avait requis une année.
Quelle étrange comparution ! Etrange quant aux propos tenus par le prévenu et quant à ses échanges avec le procureur et la juge du Tribunal de Grande Instance de Bourgoin-Jallieu. Jugez plutôt...
Madame la juge :
- Etes-vous Musulman ?
Aikel :
- Non, je suis Français.
Madame la juge :
-Etes-vous religieux ?
Aikel :
- Non, je suis Tunisien.
Et de conclure :
-Je ne suis pas terroriste, je suis un être humain.
Le suspect, un Berjallien prénommé Aikel, est un homme de 28 ans connu pour divers faits, vols, menaces de mort et provocations notamment... Il est aussi atteint d'une légère déficience mentale et touche une allocation pour adulte handicapé. Une déficience derrière laquelle le prévenu ne peut et ne dois pas se cacher, c'est en tous cas ce qu'a indiqué le procureur Cédric Cabut (si, si) lors de son réquisitoire.
Le bien nommé procureur avait requis une année d'emprisonnement. Aikel écopera de six mois ferme, pour apologie directe et publique d'un acte terroriste. Il encourait cinq d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende.
Le Tribunal de Grande Instance de Bourgoin-Jallieu a ainsi jugé que notre homme était certes handicapé, mais qu'il était conscient de la transgression. Et même qu'il avait la volonté de provoquer. Le procureur n'a pas manqué de rappeler à Aikel que ses propos étaient de nature à "entretenir le très lourd traumatisme de la population française", et "le climat de guerre civile larvé".
Reportage Jordan Guéant, Jean-Pierre Rivet, Jean-Jacques Picca :
Des faits survenus dimanche dernier
Il a été immédiatement identifié dimanche dernier. Il faut dire qu'il ne s'est pas caché, s'écriant "Allah akbar" aux policiers qui patrouillaient là, quartier de Champaret. Et d'ajouter : "Ils ont tué Charlie, moi j'ai bien rigolé. Par le passé ils ont déjà tué Ben Laden et de nombreux frères... Si je n'avais pas de père ni de mère, j'irai m'entraîner en Syrie"...
Les faits se sont déroulés vers 23h30, au moment où les policiers interpellaient un groupe de cinq individus, dont le suspect.
Le Berjallien de 28 ans a été interpellé dans la foulée lundi matin, puis placé en garde à vue. Connu des services de police, condamné à plusieurs reprises... il a été entendu durant de longues heures.
Une enquête a alors été ouverte pour apologie d'actes terroristes. L'homme devait être jugé en comparution immédiate ce mercredi 14 janvier en début d'après-midi. Mais son avocate Maître Perbet souhaitait demander un renvoi. En effet, son client avait été victime d'un malaise ce matin, et pris en charge brièvement par les sapeurs pompiers. Toutefois le prévenu avait insisté pour être jugé.
Depuis les attentats de Paris, il y aurait eu en France près de 50 gardes à vue pour apologie du terrorisme. Cas le plus médiatisé sans doute, celui de Dieudonné, actuellement entendu par la police.