Emeutes de Moirans : le procès s'ouvre à Grenoble sous haute surveillance

Le procès des douze suspects des émeutes de Moirans en Isère, à l'origine d'une vive polémique politique en octobre 2015, s'est ouvert ce 19 septembre devant le tribunal correctionnel de Grenoble, sous haute présence policière. Et dans l'émotion.

Seuls 11 des 12 prévenus - 9 hommes et 3 femmes âgés de 18 à 58 ans-, dont un seul est détenu, ont pris place vers 10H00 dans la salle d'audience, présidée par le juge Joël Beylard-Ozeroff. 

3 mineurs seront jugés ultérieurement par le juge des enfants. Comme on le voit sur les photos, le procès se déroule sous haute surveillance.


Cette première journée s'est déroulée sous le signe de l'émotion du côté des prévenues. Vives réactions pendant l'audition. 

Le récit de Céline Aubert et Dominique Bourget
Intervenants : Me Ronald Gallo Avocat de deux prévenus dont Adèle Vinterstein, Carole Kaufmann Partie civile, Me Denis Dreyfus, Avocat de la commune de Moirans, Me Arnault Monnier, Avocat d'un prévenu

Le 20 octobre 2015, vers 15H, de 50 à 100 personnes avaient érigé une barricade à Moirans sur la RD 1085, près d'un camp de gens du voyage, brûlant une trentaine de voitures volées, des poubelles et des palettes pour protester contre l'interdiction faite à un jeune du camp, emprisonné, d'assister aux obsèques de son frère de 17 ans, mort quelques jours plus tôt à bord d'une voiture volée au cours d'un cambriolage.

Les émeutiers avaient aussi bloqué pendant une douzaine d'heures la ligne SNCF Lyon-Grenoble, non loin de là, et saccagé les locaux de la gare de Moirans, ainsi qu'un restaurant et divers commerces.

Le préjudice a été évalué à plusieurs centaines de milliers d'euros. Ces émeutes, qui n'avaient fait ni mort ni blessé, avaient déclenché une vive polémique politique à quelques mois des élections régionales, l'opposition accusant le gouvernement de "laxisme" et de contribuer au "délitement" de l'autorité de l'État.

Le rappel des faits par Joëlle Ceroni



"Laxisme", "délitement"

Les forces de l'ordre mettront de longues heures à éteindre l'incendie, malgré le renfort de plus de 200 gendarmes et policiers. Deux mois plus tôt, des gens du voyage avaient déjà organisé un blocage spectaculaire de l'autoroute A1 à Roye (Somme), pour des raisons similaires. A Moirans, il aura fallu trois mois aux enquêteurs pour identifier une vingtaine de suspects à partir de photos, vidéos, témoignages, empreintes digitales et ADN.

Après une vaste opération de la gendarmerie, 17 personnes ont été mises en examen en janvier, dont 2 ont finalement bénéficié d'un non-lieu. Parmi les mis en examen, Adèle Vinterstein, 45 ans, mère de Steevy, le garçon décédé et de Mike, le détenu. Tous n'appartiennent pas à la communauté des gens du voyage et 6 ont un casier judiciaire vierge. L'un d'entre eux en revanche affiche 13 condamnations, notamment pour des vols aggravés.


"On punit qui ?"

La plus âgée, Thérèse Cornero, 58 ans, est une retraitée, grand-mère de 3 petits enfants. "Elle trouvait injuste que le jeune (Mike) ne puisse pas aller aux funérailles. Elle est allé manifester son mécontentement dans la rue et avait imaginé ça comme un rassemblement mais ne pensait pas que ça allait prendre cette tournure", assure son avocat, Me Emmanuel Decombard, qui défend 5 prévenus.

Rares sont d'ailleurs ceux qui reconnaissent leur participation aux faits, la plupart avouant juste s'être rendus sur place en tant que "spectateurs". Il y a d'ailleurs "une grosse distorsion" entre le nombre d'émeutiers (une centaine selon certaines sources) et la douzaine de prévenus, note Me Denis Dreyfus, avocat de la commune, qui s'est portée partie civile.

"On est loin du compte", note-t-il, les personnes à l'origine des faits ayant été "débordées par l'incendie qu'elles ont allumé". L'avocat salue néanmoins la "rapidité de la réponse judiciaire" dans cette affaire. Les avocats de la défense mettent eux en garde contre les répercussions de la pression médiatique et politique sur ce dossier. "Il faut des coupables. Des politiques ont dit que les coupables seraient punis. Si on n'a pas de coupable, on punit qui? Ceux qui sont présentés comme tels ?!" demande Me Ronald Gallo, un des avocats de la défense.

Le procès est prévu pour deux semaines. Les prévenus encourent une peine maximale de 10 ans d'emprisonnement.

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