Au lendemain du rejet de sa requête concernant l'évacuation du bidonville Esmonin de Grenoble, Eric Piolle a envoyé une lettre à François Hollande pour lui demander d'agir. Il rappelle au Président de la République que l'hébergement d'urgence est de sa responsabilité. Interview.
Visiblement, c'est en élargissant le débat qu'Eric Piolle compte se sortir de ce mauvais pas. Le tribunal administratif l'a débouté, lui rappelant qu'il suffisait de prendre un arrêté municipal pour évacuer un bidonville, mais le maire de Grenoble ne l'entend pas de cette oreille. Pour lui, tant qu'il n'y a pas de relogement, il n'y a pas de solution. Son idée politique est d'attirer l'attention du chef de l'Etat. Il lui a écrit une lettre pour le rappeler à ses responsabilités en matière d'hébergement d'urgence (lire plus bas).
Ce jeudi 9 juillet au soir, sur le plateau de France 3 Alpes, il a souligné que "60 ans après l'appel de l'Abbé Pierre la situation de l'hébergement d'urgence en France est catastrophique". Eric Piolle a insisté sur "le regard humaniste" nécessaire à l'égard des enfants qui vivent dans ce bidonville. Mais difficile de comprendre ce qu'il va faire, ce qu'il veut faire avec ce camp. Et pourtant, il estime que "la question ne doit pas être glissée sous le tapis" que "la logique de la patate chaude n'a pas de sens". A peine comprend-on, au fil de l'interview, qu'il attend à présent le résultat d'un nouveau procès mené par le Conseil départemental de l'Isère, propriétaire du site.
Interview
La lettre à Hollande
En attendant, le maire a choisi de s'en remettre à Dieu, diront certains. Sa lettre adressée au Président de la République a été co-signée par Monseigneur de Kerimel, Evêque de Grenoble-Vienne; Riadh Azouni, Conseil des Imams de l'Isère; Nissim Sultan, Rabbin de Grenoble; Jean-Marc Lefebvre, Secrétaire général du Diaconat Protestant; Guy Brachet, Président du Secours Catholique de l'Isère ainsi que Francis Silvente de la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (FNARS). Extraits:
"En janvier 2012, vous annonciez que la jeunesse serait la « grande priorité », le pilier de votre quinquennat. Cette ambition, vous l’avez rappelée à de nombreuses reprises dont ici même, à Grenoble, en janvier 2013, lors de vos vœux à la jeunesse : « aider la jeunesse c’est donner un horizon à toute la France, à toute la société », déclariez-vous dans l’enceinte de la Maison de la Culture.
Aujourd’hui, dans cette ville que vous qualifiez alors de « la plus jeune de France », la population du bidonville dite : « camp Esmonin », dont la moitié sont des enfants, se tournent vers vous. Par cette lettre, nous vous interpellons car nous voulons croire que vos engagements comptent pour vous autant qu’ils comptent pour nous, responsables publics, associatifs, religieux et acteurs de terrains.
Tous les efforts portés à bout de bras par la Ville de Grenoble, son CCAS et les associations partenaires pendant plus d’une année n’auront finalement pas suffi à pallier la démission organisée de l’Etat en matière d’hébergement alternatif aux bidonvilles et autres habitats indignes. Le boom démographique qu’a connu le bidonville au printemps dernier, la prolifération des mafias profiteuses de misère et la généralisation des périls en tout genre ont décidé la Ville à demander son évacuation.
Au-delà de vos engagements, Monsieur le Président, nous vous rappelons que l’hébergement d’urgence est une compétence régalienne de l’Etat, c’est-à-dire votre compétence. Dans son arrêt du 12 février 2012, le Conseil d’Etat reconnaît le droit à l’hébergement comme un « droit fondamental"
>>> L'intégralité de la lettre adressée à François Hollande