Dans son rapport, la CRC pointe une situation financière extrèmement fragile, des investissements mal maîtrisés et des risques de conflit d'intérêt.
La gestion de la station de Saint-Pierre-de-Chartreuse est sévèrement épinglée par ce rapport de la chambre régionale des comptes d'Auvergne Rhône-Alpes daté du 20 octobre.
Les magistrats soulignent notamment que "les investissements" et les "procédures de commande publique" sont "mal maîtrisés" et que l'organisation du syndicat intercommunal (SIVU) présente des risques de "conflits d'intérêts".
La situation du directeur d'exploitation est particulièrement pointée du doigt. Celui-ci est en effet également co-gérant d'une entreprise de travaux en montagne à laquelle le SIVU "a confié des prestations sans mise en concurrence". Deux marchés ont également été remportés par son entreprise, dont le plus important, d'un montant de 666.660 euros, a été organisé dans des conditions "pas satisfaisantes".
Dans son courrier de réponse, le maire (DVG) de Saint-Pierre-de-Chartreuse, Yves Guerpillon, assure que "la commande publique a toujours été assurée dans l'intérêt général".
D'une manière plus générale, la CRC estime qu'une "réflexion doit être engagée sur le devenir" de l'activité de ski alpin au cours des prochaines années "compte tenu des évolutions climatiques peu favorables à un enneigement naturel mais aussi artificiel".
Du fait d'un faible enneigement, le domaine skiable, situé entre 900 et 1.789 mètres d'altitude, n'a ouvert ses pistes que 71 jours lors de l'hiver 2015-2016. Et, avec seulement trois hôtels en activité, la station dispose d'une faible clientèle captive. Même avec un enneigement abondant, "l'équilibre financier ne peut être atteint sans contribution extérieure, alors même que l'âge et l'état du matériel vont
nécessiter, à moyen terme, l'engagement de "grandes visites" et de "travaux coûteux", souligne le rapport. Or il sera très difficile "de recourir à l'emprunt pour financer les travaux" au vu d'un endettement déjà élevé.
En 2016, le budget affiche un déficit prévisionnel de 942.460 euros, pour un chiffre d'affaires qui varie entre 1,3 et 1,7 million d'euros selon les années.
"L'activité ski est un apport très important pour le village (...) et le restera sans doute encore pour les 20 prochaines années", a rétorqué M. Guerpillon dans son courrier, en appelant de ses voeux "des investissements importants" dans la neige artificielle et la rénovation de "l'immobilier de loisir".