ONERA, le sigle n'évoque peut-être pas grand-chose au grand public mais l'Office National d'Etudes et de Recherches Aérospatiales, fait partie du fleuron de l'Industrie de l'aéronautique. Un office qui sort de sa réserve habituelle en organisant des "visites guidées à la presse" pour tirer la sonnette d'alarme.
L'endroit a tout du décor d'un James Bond. Mais aux grandes souffleries de Modane, pas de fiction. Non, ici les recherches sont scientifiques. Toutes les maquettes des nouveaux Airbus y ont été testées avec des centaines d'heures passées dans des tubes de 24 mètres de diamètre. 2.500 paramètres sont mesurés chaque seconde grâce à 500 capteurs.
Mais aujourd'hui, la soufflerie de Modane manque de moyens. Depuis 2010, l'ONERA a perdu 10% de son budget abondé par ses clients et le ministère de la Défense. Imaginez, une journée d'essais en soufflerie coûte 100.000 euros et pour le seul Airbus A380, EADS a déboursé 30 millions d'euros pour les tests aérodynamiques.
Reportage Jordan Guéant et Didier Albrand
Aujourd'hui, la concurrence frappe pourtant à la porte. Les Américains sont en train de développer leurs propres souffleries, tout comme les Chinois qui, eux, veulent aussi développer leur propre constructeur aéronautique: COMAC. En jeu, l'avion du futur. Dès 2030, la forme du fuselage, le positionnement des ailes et celui des moteurs devraient considérablement changer sur les avions de ligne.
Sans investissements, la soufflerie pourrait être techniquement dépassée d'ici 5 à 10 ans, au risque d'handicaper Airbus, Dassault et toute l'industrie aéronautique française. Une industrie forte de 130.000 emplois.