Le Crémant et le Champagne vont, désormais, faire chemin commun. Il n’y aura plus de Crémant et de Champagne, mais simplement du Champagne composé pour une bonne part de cépages alsaciens. Retour sur ce mariage exemplaire, qui change le cours de la viticulture moderne.
MARIAGE DIVIN, MARIAGE DES VINS
Et l’on comprit ce matin, quand tomba, telle une bombe à fragmentation dans l’atoll de Mururoa, le discret communiqué de la Chambre régionale des viticulteurs Marnais, les gardiens du temple Champagne, la boisson que le monde entier nous envie. Par le truchement de son président, Jean-René Seppdevigne, l’interprofession vitivinicole champenoise venait de franchir un pas décisif, hier encore inconcevable :C’est une révolution, c’est clair. Evidemment le crémant se situe très clairement, en terme de qualité, en dessous des standards champenois. Mais quand le Président Richert nous a proposé l’idée, ici, on s’est dit : Pourquoi pas ? Et nos experts ont travaillé très dur pour voir jusqu’ à quel pourcentage de bibine alsacienne on pouvait monter dans le mélange, sans que cela n’altère notablement le goût… Ou alors, vraiment très, très peu. Et puis vous savez, à l’exportation, surtout au Japon, ça passe !
En toute transparence, ces vaillants viticulteurs acceptaient donc les noces du champagne et du crémant. Pour être très clair : désormais, les deux vins, porte-drapeaux emblématiques de nos deux beaux terroirs, Alsace et Champagne, allaient faire terroir commun, lie commune… Seules les bouteilles resteraient identiques à celles que nous connaissons aujourd’hui. Ce mariage à marche forcée, conçu et consommé dans le plus grand secret, a donc été rêvé, permis, réalisé, par une bonne fée, Philippe Richert.
C’est lui qui a eu cette belle et forte idée de mêler ces deux cépages, deux traditions, orgueils de nos vignes, avec cette idée tout autant belle et forte, exprimée sans trembler, hier matin, devant une assemblée de viticulteurs alsaco-champenois éblouis, par tant de vista :
De toute façon la quasi-totalité des consommateurs est parfaitement incapable, et surtout dès la deuxième flûte, de différencier un vin de l’autre, et là, je sais de quoi je parle !
FLÛTE ALORS !
Concrètement, c'est-à-dire dès les prochaines vendanges, fin août, début septembre, les raisins autrefois destinés aux Crémant et aux Champagne seront vendangés puis dirigés et traités dans la future coopérative, en train d’être érigée en ce moment même, quelque part en terre Lorraine.Et nous sommes en mesure de vous révéler aujourd’hui l’endroit où se dressera demain ce bâtiment, témoin de l’union des talents et des bonnes volontés des forces vives de la vitiviniculture alsaco-champenoise : A Carling, ancienne capitale de la sidérurgie, hier florissante, aujourd’hui abandonnée, demain exemple vivant de la vitalité de notre belle région « Rhin-Champagne ».
Pour Charles-Frédéric Glüwhein, président de l’Office du Tourisme du Bas pays des Hauts fourneaux, c’est :
Un vrai cadeau de Noël ! On se demandait quoi faire de toutes ces usines abandonnées. On a bien essayé de les vendre aux Japonais, mais, même eux n’en veulent pas. Là, c’est parfait, au bout du compte on va enfin réussir à leur fourguer un truc !
CHAMPAGNE POUR TOUT LE MONDE
Et c’est ainsi que dès demain, le monde entier se régalera, dégustera un champagne mâtiné de crémant… Très ému, Gérard Kirschwasser, responsable de l’association des viticulteurs d’Alsace, et responsable de la cave coopérative de Krautergersheim nous le disait avec force, et comme de la ferveur dans la voix, hier soir :C’est nickel, on va pouvoir écouler tous nos stocks sans problème, maintenant . On dirait que c’est un petit pas pour l’humanité, et un grand bond pour nous autres de la vitiviniculture alsaco champenoise
C’est à l’agence de pub de Pierre Marie Troissurquatre que le budget de la campagne a été confié. Lui aussi, en avant-première nous a donné le slogan, qui va accompagner le lancement de cette magnifique opération, slogan qui à nul doute, fera autant mouche que date :
Je suis plutôt satisfait de mon idée, elle est à la fois, sobre, in, tendance et terroir tout également, et elle est venue sans effort, et possède donc, comme souvent chez moi, la beauté de l’évidence : « Le champagne, c’est crémant très bon. » Et comme je suis très attaché aux valeurs défendues par notre président, je lui ai laissé gratuitement une autre déclinaison : « Sacrémant gouleyant, le champagne ! » C’est ma (petite) pierre à l’édifice régional*
Les premières bouteilles de ce futur Champagne-Crémant, à n’en pas douter de véritables collectors seront sur le marché japonais dès l’an prochain.
*Pour nos amis lecteurs, point trop avertis de la vie de Philippe Richert, rappelons que La Petite Pierre est son lieu de naissance et de résidence, ainsi qu’un lieu de pèlerinage pour certains membres du Conseil Régional, et c’est ainsi que, très finement, Pierre Marie Troissurquatre s’est autorisé ce jeu de mot subtil. Ici, à la rédaction, nous serions les derniers à lui en tenir rigueur et à lui jeter la (petite) pierre.
