Nicolas Mahut et Pierre-Hugues Herbert ont remporté samedi le tournoi de double messieurs de l'US Open en battant l'Australien John Peers et le Britannique Jamie Murray 6-4, 6-4. Finalistes de l'Open d'Australie en janvier, ils sont la première paire française sacrée en double à Flushing Meadows.
Pour célébrer les victoires, ils ont encore quelque progrès à faire: après la volée gagnante de Herbert, Mahut s’est effondré au sol, mais son partenaire n’a pas «su quoi faire» et s’est juste penché pour le relever, a-t-il rigolé.
C’est le seul (petit) bémol de leur finale parfaitement maîtrisée face au Britannique Jamie Murray et à l’Australien John Peers dominés en deux sets 6-4, 6-4.
Le duo français devrait avoir le temps de peaufiner sa routine d’après-balle de match: «On n’a pas de limites, on est très ambitieux, il y a la Coupe Davis et les JO par exemple», a insisté Mahut. A 33 ans, il a décroché son premier titre majeur et offert un premier sacre à la France à l’US Open, trente ans tout juste après la finale perdue par Yannick Noah et Henri Leconte à Flushing Meadows.
«C’est un mélange de joie, de bonheur et de soulagement, le chemin a été long et tortueux, mais j’ai atteint l’un de mes objectifs», a-t-il souligné.
Ils avaient déjà disputé la finale de l’Open d’Australie en janvier, mais ils s’étaient inclinés contre les Italiens Simone Bollelli et Fabio Fognini (6-4, 6-4). Depuis, ils ont appris à se connaître et à se comprendre sur les courts et en dehors, en remportant notamment le titre sur le gazon du Queen’s.
«Moi, je suis très rigoureux, lui est plus fantasque, il a besoin d’être détendu sur le court», a admis Mahut qui a disputait sa troisième finale d’un tournoi du Grand Chelem et qui s’était imposé en junior à New York avec Julien Benneteau en 1999.
7e titre français en double
«Entre l’Australie et ici, on est à des années-lumière: je me suis senti bien sur le court, +Nico+ a toujours été détendu, relax et on a bien préparé cette finale alors qu’en Australie, j’étais en bout-de-piste physiquement», a noté Herbert. L’Alsacien, âgé de 24 ans, a réussi sur le service de Murray, le frère ainé du N.3 mondial Andy, un dernier jeu incroyable avec trois points gagnants dont la balle de match conclu au terme d’un échange de seize coups par une volée imparable.«Ce titre, on ne le gagne pas sur ce dernier jeu, +Nico+ nous a sauvé plus tôt dans le premier set, ou même lors du 2e tour», a rappelé «PHH».,«Je ne suis plus tout jeune, mais je m’inscris dans la durée, on veut construire quelque chose», a assuré, tout sourire, l’aîné qui compte désormais dix titres en doubles à son palmarès. Mahut et Herbert occupaient avant l’US Open la 9e place de la «Race», le classement annuel pour les Masters de Londres, et devraient décrocher l’une des huit places qualificatives pour le rendez-vous de fin d’année.
Leur sacre à l’US Open est le septième titre d’une paire 100% française en Grand Chelem depuis le début de l’ère Open.
Yannick Noah et Henri Leconte ont remporté Roland Garros en 1984, Julien Benneteau et Edouard Roger-Vasselin les ont imités 30 ans plus tard sur la terre battue parisienne, Michael Llodra et Fabrice Santoro ont dominé l’Open d’Australie à deux reprises, en 2003 et 2004, et Arnaud Clément et Llodra se sont imposés à Wimbledon en 2007. Un Français avait déjà remporté le titre en double à New York: Pierre Barthès, associé en 1970 au Yougoslave Nikola Pilic.
Reportage Olivier Stéphan, Vincent Roy et Maud Fiorot - Interview de : Jean-Roch Herbert, ancien entraîneur de son fils