Ulcéré d'être comparé au FN, le PCF demande des excuses à Hollande

Les communistes d'aujourd'hui et d'hier se sentent "insultés" par la comparaison entre Marine le Pen et le PCF des années 70 risquée par François Hollande, auquel ils opposent une Union de la gauche jadis victorieuse et demandent des excuses.

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Mme Le Pen parle comme un tract du PCF des années 70


Cette formule lâchée par le président au cours de ses deux heures de direct sur Canal + dimanche, a suscité la colère sur sa gauche. Le numéro un communiste, Pierre Laurent, est allé jusqu'à exiger "des excuses publiques".
Celles-ci n'ont pas lieu d'être aux yeux de l'Elysée, où l'on renvoie à l'ensemble du raisonnement présidentiel, au-delà de cette seule petite phrase.
Certains cependant dans l'entourage du chef de l'Etat ont confié leur inquiétude face au risque de "braquer" l'électorat de gauche.

Dès dimanche, le PCF s'était élevé contre l'image inattendue employée par le chef de l'Etat qui commentait un reportage sur le basculement d'électeurs de gauche vers le parti frontiste, dont une habitante du Pas-de-Calais ayant voté PS en 2012 et FN en 2015.
"Ils sentent bien qu'il y a une transgression", a observé le chef de l'Etat.
Relancé sur Marine Le Pen considérée comme plus à gauche que le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, François Hollande a parlé de "mystification". Et il a avancé la comparaison qui a indigné: fermeture des frontières, nationalisation des industries, "quand Mme Le Pen parle comme un tract du Parti communiste des années 1970", cela "parle dans cette région-là, encore aujourd'hui influencée" par ce parti.
"Sauf que", s'est empressé de corriger le chef de l'Etat, "le Parti communiste ne demandait pas qu'on chasse les étrangers, qu'on fasse la chasse aux pauvres", il "avait encore un certain nombre de principes".


"Ne pas humilier" un parti sur le déclin 

Ces corrections n'ont nullement apaisé le PCF, furieux d'être comparé à un parti qu'il combat.
Un rapprochement qu'emploie aussi Nicolas Sarkozy quand il assure que le projet économique du Front national est celui de l'extrême gauche. 
La phrase de Hollande est "lamentable", a tonné Pierre Laurent, "nullissime", a asséné le porte-parole du PCF, Olivier Dartigolles, d'une "totale bassesse et indigence", selon Jean-Luc Mélenchon, allié au PCF dans le Front de Gauche.
Attention, ont-ils averti, François Hollande a été élu avec les voix communistes.

Bien loin de relativiser le bilan d'un PCF alors très lié à l'URSS, M. Laurent, successeur lointain de Georges Marchais, a vanté des eurocommunistes qui voulaient une "Europe de la solidarité" et luttaient contre la désindustrialisation. "Qui avait raison?", a-t-il martelé.

Voix lointaines et rares, trois ministres communistes de 1981 sont sortis du silence, et peu importe si deux ont quitté le PCF depuis des décennies. Charles Fiterman, Anicet Le Pors et Jack Ralite (le quatrième, Marcel Rigout, est mort en 2014) se sentent "insultés". Ils renvoient François Hollande à l'Histoire:

Si la réalité avait été dans les années 70 celle qu'évoque François Hollande, aurait-on eu une entente entre le PC et un PS dirigé par François Mitterrand, qui a permis la victoire de 1981? Sûrement pas




Un proche du président s'alarme aujourd'hui: "Quand un parti est sur le déclin, il ne faut pas l'humilier. On a quand même fait du chemin ensemble"
"Mitterrand était très anti-communiste", relève ce conseiller. "Mais il flattait tout le temps l'histoire du parti".

S'il veut être réélu en 2017", Hollande "ne peut pas se permettre de braquer l'électorat de gauche


conclut ce socialiste.
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