La nouvelle promotion de l'Ecole Nationale de la Magistrature : toujours autant de femmes

Les 275 auditeurs de justice de la promotion 2014 ont fait leur rentrée ce matin à l’ENM de Bordeaux. Cette année, on compte près de 73 % de femmes. Une proportion toujours importante même si le record de 2012 n’a pas été battu.

81,16%, c’est le nombre de filles inscrites au 1er concours : 1577 sur 1943. Pas étonnant qu’au final on dénombre 72,73 % de femmes qui ont intégré cette année l’Ecole Nationale de la Magistrature. Toutefois, le record de 81,04 % de 2012 n’a pas été atteint ou dépassé.

Elles ont toutes le sourire ou presque… En fait, elles restent très sérieuses, prestige de l’enceinte oblige et aussi un peu d’appréhension à l’entrée dans cette grande institution qu’est la Magistrature.
Pour Léa Ferrané et Margaux Guillmot, le bonheur se lit sur leurs lèvres, "heureuses" revendiquent-elles, car l’entrée à l’ENM est synonyme pour elles, comme pour bon nombre, de travail et de sacrifices.
Léa a 26 ans, elle vient d’Aix-en-Provence où elle a suivi 5 années d’études en droit avant d’intégrer une classe préparatoire à l’ENM à Paris durant deux ans. Margaux, elle, est plus jeune encore : 23 ans. Elle vient de Strasbourg, dans ses bagages une licence de droit, sciences po Lille et un master de droit KCL à Londres.

Est-ce à dire que les filles sont plus sérieuses ou "bachoteuses" que les garçons ?
Peut-être. Sans doute. En tout cas, elles démontrent depuis plus de 30 ans qu’elles sont meilleures et plus nombreuses chaque année à intégrer la prestigieuse Ecole de la Magistrature. D’ailleurs, certaines préparent et passent la même année et l’ENA (l’Ecole Nationale d’administration)...

81,16% à concourir pour le 1er concours… 81,18% d’admises au terme de ce 1er concours. De véritables bulldozers, elles mangent du « Dalloz » presque au petit déjeuner. Le pourcentage est atténué avec les 21 admis au 2ème concours (ouvert aux fonctionnaires) : 30,89 % d’hommes et 69,11 % de femmes. Et il y a une inversion pour le 3ème concours (pour candidats justifiant de 8 années d’activités dans le domaine privé) : 75 % d’hommes et 25 % de femmes. Mais là ils ne sont que 4 au total. Ca relativise… Et encore, un reporte son admission, 2 auditeurs renoncent au profit du concours complémentaire… Bref, la gente masculine est vraiment en perdition…

Et pour être complet, ils sont 64 à avoir été recrutés sur titre. Avec une maîtrise de droit et au moins 4 années exercées dans le domaine juridique.
C’est le cas de Stéphanie Zariffa, 40 ans, ancienne greffière en chef. Une femme. Mais aussi de Romuald Dano, 38 ans, ancien huissier de justice. Un homme.

L’équilibre ? Il faut remonter à 1980 pour le retrouver. Xavier Ronsin s’en souvient. « C’était ma promo ». Pour le directeur de l’Ecole Nationale de la Magistrature, ce n’est pas étonnant. « C’est un phénomène structurel : depuis de très nombreuses années, les juristes sont plus souvent de jeunes filles que des jeunes gens. Ce que l’on constate dans les facultés de droit, on le retrouve naturellement à l’issu d’un concours républicain qui de façon anonyme va choisir les meilleurs étudiants.».
Depuis 1980, la courbe féminine ou plutôt de féminisation n’a jamais cessé de s’accentuer, de croître.

Ces jeunes auditrices de justice, ou moins jeunes, vont passer deux semaines à l’école pour prendre leurs marques, avec comme point d’orgue la prestation de serment vendredi après-midi à la Cour d’Appel de Bordeaux en présence du Garde des Sceaux, une autre femme, Christiane Taubira. Puis elles auront une semaine de stage en juridiction avant un stage bien plus long de 6 mois chez un avocat (cela avait été l’une des grandes mesures de la réforme de l’enseignement avec l’instauration de tests psychologiques suite à l’Affaire d’Outreau).

Une fois en fonction, la balance (de la justice) va de nouveau revenir vers l’équilibre mais pas tout à fait. Car sur les 8400 magistrats en France, on compte 60 % de femmes et 40 % d’hommes. En revanche, les fonctions supérieures et hautes fonctions de la magistrature sont encore occupées par des hommes : le « PP » (Premier Président de la Cour de Cassation) reste Vincent Lamenda et le « PG » (Procureur Général près la Cour de Cassation) n’est autre que Jean-Claude Marin. Deux hommes. Ouf. Pour un temps.

Quant à savoir si les femmes jugent différemment ou comme les hommes ou vice-versa ?
Pour Romain Lemoel : « je ne pense pas qu’il y ait des différences, on ne peux pas dire que les femmes vont être plus sensibles et les hommes plus sévères, la seule différence peut se voir parfois au niveau de l’avancement » .
Pour Mylène Pomiès, 33 ans, auditrice : « La justice n’est pas censée être " genrée".  Que ce soit un jugement rendu par une femme ou un homme, on n’est pas censé influencer la qualité d’un jugement. »

C’est souvent dans les affaires de divorces ou de garde d’enfants que certains hommes ne supportent pas les décisions soient prises par des magistrats féminins : « dans ces domaines aussi sensibles du droit de la famille, quand un magistrat prend sa décision il ne la prend pas en tant qu’homme ou que femme. » renchérit le directeur de l’ENM Xavier Ronsin. 
En revanche, quand des hommes ne voient pas leur demande acceptée, ils peuvent s’imaginer que c’est en raison de la féminité du juge… Je crois qu’il faut expliquer en permanence qu’un magistrat tranche en fonction d’un litige et non de sa propre personne et bien sur en fonction de son sexe. »



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