Des échantillons de poussière collectés dans une vingtaine de maisons situées près de cultures ( de vignes, vergers, et céréales) contiennent des résidus de pesticides, dont une majorité de perturbateurs endocriniens qui provoquent des dérèglements hormonaux, affirme ce mardi Générations futures.
L'ONG, qui milite pour une meilleure prise en compte de l'impact des pesticides sur la santé, a fait analyser une vingtaine d'échantillons de poussière et rechercher 61 pesticides différents. Les maisons étaient à une distance comprise entre 0 et
200 mètres des cultures.
Générations futures reconnaît que son "enquête n'a pas la valeur d'une étude scientifique". Le nombre d'échantillons est faible et il n'y a pas de comparatif avec des zones a priori moins exposées.
Mais l'association dit vouloir "alerter sur le fait que des personnes sont en permanence exposées à des résidus de pesticides" puisqu'"entre 8 et 30 pesticides par habitation ont été détectés dans la poussière" des échantillons, avec une forte présence de ceux suspectés d'être des perturbateurs endocriniens.
Le collectif "Sauvons les fruits et légumes", rassemblant quelques dizaines de producteurs, a critiqué ce mardi la démarche de Générations futures qu'elle accuse de "chercher à faire peur" et dénonce la multiplication de ce type d'étude par l'ONG (analyses sur des salades, des fraises, des cheveux d'enfants, etc), sans qu'aucune conclusion scientifique puisse en être tirée.
Les perturbateurs endocriniens (présents dans des pesticides, des plastiques, des cosmétiques, etc.) sont des substances soupçonnées d'interagir avec des protéines régulant les cellules de l'être humain, provoquant ainsi cancers, malformations congénitales et retards de développement chez les enfants.
Faute d'une définition précise des perturbateurs endocriniens, que l'Union européenne était censée produire fin 2013 et qui a été repousée à 2017, il n'existe pas de réglementation visant spécifiquement ces substances, alors que les preuves de leur dangerosité s'accumulent.
Selon Générations futures, la concentration de pesticides a chuté entre l'été, période de traitement, et l'hiver, sans pour autant tomber à zéro : "des résidus semblent demeurer toute l'année".
L'ONG signale aussi que trois produits ont été retrouvés dans tous les échantillons : le perméthrine, le tebuconazole et le dimethomorph.
Une autre substance, le diuron, pourtant interdit depuis 2008, a été retrouvée dans 90% des habitations.
L'ONG estime dans un communiqué que son "travail montre l'urgence de la publication d'une définition des perturbateurs endocriniens réellement protectrice au niveau européen".
Le 16 décembre 2015, le Tribunal de l'Union européenne, saisi par la Suède, a condamné la Commission pour manquements à ses obligations pour n'avoir pas arrêté à la date prévue une définition des perturbateurs endocriniens.
Cet mardi après-midi, une manifestation est prévue devant la préfecture de la Gironde pour demander l'interdiction des traitements chimiques aux abords des écoles. Une pétition sera remise au préfet. 84 000 signatures pour réclamer l'interdiction des pesticides aux abords des établissements qui accueillent des enfants.