Sylvain Mollier, dont le corps va être restitué à la famille pour ses obséques, apparaît comme la victime collatérale d'un réglement de comptes qui ne le visait sans doute pas. Mais l'enquête devra le confirmer.   

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Le cycliste de 45 ans mort dans la tuerie de Chevaline (Haute-Savoie), Sylvain Mollier, un père de famille discret selon les habitants d'Ugine, sa ville savoyarde,fait figure de victime oubliée,sans doute la victime collatérale d'une affaire qui lui était étrangére... Le procureur a annoncé mercredi que le juge d'instruction avait signé l'acte de restitution des corps des victimes aux familles.
Les enquêteurs concentrent l'essentiel de leurs investigations autour de Saadal-Hilli, cet ingénieur britannique d'origine irakienne tué mercredi dernier avec son épouse et la mère de celle-ci dans leur véhicule sur un chemin forestier. Seules, les deux fillettes du couple en ont réchappé mais l'aînée a été grièvement blessée.
Cette histoire aux ramifications internationales fait la Une des médias, qui ont tôt oublié Sylvain Mollier, touché comme les autres victimes de deux balles dans la tête.
Le Savoyard ne faisait, semble-t-il, que passer à vélo sur ce chemin prisé des randonneurs, selon le scénario le plus probable, le ou les tueurs n'auraient pas voulu laisser de témoin du carnage.Les enquêteurs se doivent cependant de n'écarter aucune hypothèse : "La famille al-Hilli était-elle la bonne cible ? Est-ce que ça n'était pas le cycliste ? Seul le travail sur un environnement complet des gens peut aider à y voir clair", explique le lieutenant-colonel Benoît Vinnemann, qui commande la section de recherches de Chambéry.

"On parle d'un Monsieur tout le monde, mais qui dit qu'il n'avait pas une double vie ?", s'interroge un gendarme.A Ugine, où Sylvain Mollier habitait une grande maison blanche au coeur du bourg, cette idée paraît farfelue. Avec ses deux garçons, des adolescents issus d'un précédent mariage, sa compagne, pharmacienne dans une commune proche, et leur bébé né en juin, ils formaient "une famille sans histoires", assure Hermance, une voisine âgée, qui le voyait fréquemment bricoler.


Des collégues sous le choc


Sylvain Mollier travaillait dans un atelier de production chez Cezus, une usine du groupe nucléaire Areva, spécialisée dans la transformation de métaux destinés à la fabrication de combustibles nucléaires. Il venait de prendre un congé parental.Devant les longs bâtiments en tôle de l'entreprise, à la sortie d'Ugine, les drapeaux ont été mis en berne. Un soutien psychologique a été proposé aux quelque 300 salariés."Ses collègues proches sont affectés et tout le monde parle de l'affaire", rapporteun employé, pour qui "ça fait drôle cette histoire qui se passe ici", dans ce coinde montagne tranquille au pied des gorges de l'Arly, à une dizaine de kilomètres d'Albertville.

"Ca fout un coup dans le village car beaucoup de monde le connaissait", notamment par son père, aujourd'hui décédé, qui dirigeait bénévolement le club de rugby, selon un quadragénaire attablé sur la place principale du bourg ouvrier de 7.000 habitants.
La silhouette de Sylvain Mollier, un brun de taille moyenne, leur était familière. "Il faisait du vélo presque tous les jours", témoigne Amelia Castro, qui le connaissait depuis qu'il était enfant et décrit, les larmes aux yeux, "un gamin serviable et très gentil". "Sylvain était réservé, la famille était très importante pour lui", confie aussi Michel Chevallier, adjoint au maire.

Sa passion du vélo et du sport en général l'a conduit mercredi dernier jusqu'à une route forestière près de Chevaline, à vingt kilomètres, habituel havre de paix. 
"Il est arrivé au parking au mauvais moment", lâche un cycliste fataliste avant d'entamer lui aussi la montée goudronnée.

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