Un magistrat lyonnais affecté en Guyane juste avant l'arrestation du commissaire Neyret a été placé en garde à vue dans le cadre de cette affaire. Il lui aurait livré indûment des élements de procédures judiciaires.
Un magistrat en poste au parquet de Cayenne a été placé en garde à vue mardi dans l'enquête de corruption présumée qui a valu à l'ex-n°2 de la PJ lyonnaise, Michel Neyret, sa mise en examen et sa révocation de la police.
Aujourd'hui, en poste en Guyane, après avoir officié notamment à Lyon, ce magistrat est interrogé à Cayenne par les enquêteurs de la police des polices parisienne (IGS, inspection générale des services). Ce magistrat a été nommé de Lyon à Cayenne à l'été 2011, soit juste avant l'arrestation de Michel Neyret, soupçonné d'avoir renseigné des membres du milieu lyonnais. Il a également été en poste au parquet de Valence.
Michel Neyret a été mis en examen en octobre 2011 pour corruption, trafic d'influence, association de malfaiteurs ou encore trafic de stupéfiants. Il avait été remis en liberté en mai après près de huit mois de détention provisoire à la prison de la Santé à Paris. S'il a concédé des "imprudences" en acceptant cadeaux et "faveurs" en échange de renseignements, notamment des fiches de police, il a toujours réfuté tout enrichissement personnel.
"Un verrou du systéme " ?
Le magistrat placé en garde à vue devait être interrogé par les enquêteurs sur des renseignements qu'il aurait pu indûment fournir concernant des procédures judiciaires en cours à Lyon, selon une source proche du dossier."Il pourraît constituer l'un des verrous du système que Neyret avait mis en place", a estimé une source proche de l'enquête.
Si quatre autres policiers, ancien collaborateurs de Michel Neyret, sont poursuivis dans ce dossier, ce n'est pour l'heure le cas d'aucun magistrat. "Si les juges ont décidé de placer en garde à vue ce magistrat, c'est qu'ils doivent avoir des raisons", a dit un avocat du dossier souhaitant garder l'anonymat.
Le "milieu" particuliérement bien renseigné
L'affaire Neyret trouve son origine dans des écoutes téléphoniques réalisées dans le cadre d'une enquête sur un vaste trafic international de drogue qui avait été marquée par la saisie de 110 kilos de cocaïne en novembre 2010 à Neuilly-sur-Seine. Il est apparu qu'un homme réputé proche du milieu lyonnais cherchait à obtenir des informations sur les investigations menées dans ce trafic, et qu'il en avait obtenues au printemps 2011 grâce à l'entremise de Michel Neyret, selon une pièce du dossier d'instruction consultée par l'AFP.
Au-delà, l'ex-numéro deux de la PJ lyonnaise est soupçonné d'être intervenu dans plusieurs dossiers auprès de policiers et de magistrats au bénéfice de cet homme et d'un autre, lui aussi réputé proche du milieu, ou de leurs proches, et d'avoir consulté pour les deux hommes divers fichiers de police.
Michel Neyret a été révoqué le 7 septembre de la police par le ministre de l'Intérieur Manuel Valls qui avait suivi l'avis du conseil de discipline devant lequel avait comparu l'ex-"grand flic". Michel Neyret, qui ne s'est jamais exprimé sur le fond du dossier, a été placé depuis sous un strict contrôle judiciaire. Son permis de conduire lui a notamment été retiré. Il vit dans l'est de la France où il doit se présenter chaque jour à la gendarmerie.
Michel Neyret attend la fin de l'instruction de son affaire, qui pourrait être renvoyée devant le tribunal correctionnel de Paris.