Des soupçons de trafic de fiches de police pèsent sur les épaules de l'ex-numéro 2 de la police Lyonnaise
Michel Neyret reconnaît avoir bénéficié de "faveurs", mais récuse avec force le soupçon d'avoir reçu de l'argent en échange de services au milieu, notamment des fiches de police,
indique son avocat, Maître Yves Sauvayre.
L'hebdomadaire Paris-Match affirme sur son site internet que certaines de ces fiches, évoquées dans un récent rapport d'enquête de l'IGS (la police des police), ont pu être monnayées jusqu'à 50.000 euros pièce.Si le rapport évoque un certain nombre de fiches "sorties" par Michel Neyret de la police judiciaire, du fichier Stic, ainsi que d'Interpol, il ne fait pas état pour l'heure de preuves sur des versements d'espèces dont aurait pu bénéficier le policier.
"Que des fiches puissent avoir été monnayées 50.000 euros, je le démens avec force.
On a toujours contesté qu'un quelconque service puisse avoir été monnayé contre
des espèces sonnantes et trébuchantes", a déclaré Maître Sauvayre. "Il y a eu des fiches sorties" et Michel Neyret "a reconnu avoir bénéficié de faveurs, une voiture, une villa dont il aurait joui, des voyages, mais jamais du moindre centime", a-t-il affirmé.
Interpol a précisé qu'il menait actuellement sa "propre enquête" sur les fiches de police qui auraient été sorties "pour voir si ce qui se raconte dans la presse est vrai ou pas".
Les enquêteurs soupçonnent Michel Neyret, mis en examen et écroué le 3 octobre notamment pour corruption, d'avoir fourni ces fiches à un homme soupçonné d'appartenir au milieu lyonnais, Gilles Bénichou, également écroué.
Interrogé sur les comptes bancaires au nom du policier et de sa femme, Maître Sauvayre
a répondu: "Si demain on me prouve qu'il y a un centime d'euro qui y est arrivé,
que ce soit à son nom ou à celui de sa femme, je mange mon chapeau."
Selon l'avocat, Neyret "n'a jamais été interrogé sur ces prétendus 50.000 euros".
Parmi les fiches Interpol auxquelles s'intéressent les enquêteurs, figurent celles d'un homme soupçonné d'appartenir au grand banditisme et d'un autre mis en examen
en 2008 dans une affaire d'escroquerie, a expliqué Maître Sauvayre, confirmant une
information de Paris-Match.
Le premier est soupçonné d'être le cerveau d'un important trafic de cocaïne. Quand
plusieurs malfaiteurs leur avaient échappé lors d'une opération en novembre 2010,
les policiers avaient soupçonné une fuite. L'enquête sur ce point avait conduit à Michel Neyret.
Le second avait été mis en examen en 2008 à Paris, soupçonné d'être le cerveau
d'une escroquerie au préjudice d'agences bancaires pour un montant estimé à 23
millions d'euros. Selon Paris-Match, il est en fuite à l'étranger. Maître Sauvayre demande que Michel Neyret, écroué à la Santé, retourne rapidement devant les juges: "Cela fait un mois et demi qu'il est en détention. Il ne va vraiment pas bien. Depuis sa mise en examen, il n'a pas été entendu. Cela n'avance pas. Il est coupé du monde".
Par ailleurs, un douanier en poste à Nice, mis en examen jeudi dernier pour "association
de malfaiteurs", a été suspendu de ses fonctions. Son avocat Jean-David Scemama a précisé que la suspension n'avait pas été notifiée à son client. Il a ajouté qu'elle représentait "une atteinte grave à la présomption d'innocence" et était "en contradiction" avec la décision des juges d'instruction de ne pas lui interdire d'exercer.
Ce douanier,Jean-Paul Piazzoli, âgé de 63 ans a été entendu notamment sur des voyages effectués en compagnie de Michel Neyret.
La compagne de M. Piazzoli, Marie-Claire Solari, a dit sa conviction sur notre chaîne, l'innocence de son mari même si "on peut lui reprocher une amitié toxique"
et s'il "a été peut-être imprudent". "Lorsqu'on est ami avec un numéro deux de la police judiciaire on se rend à Lyon ensemble, on se fréquente, comment voulez-vous mettre en doute l'honnêteté des gens ?", a encore commenté Marie-Claire Solari